Les chiffres augmentent
Un enfant est enlevé tous les deux jours en Suisse

Tous les deux à trois jours, un enfant est enlevé ou amené en Suisse. En 2024, l'Office fédéral de la justice a enregistré 154 cas d'enlèvements concernant des mineurs. Leur rapatriement est souvent compliqué.
Publié: 02.11.2025 à 20:03 heures
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Dernière mise à jour: 02.11.2025 à 20:55 heures
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Sofia G., originaire du canton de Soleure, a enlevé son fils Noa (alors âgé de 5 ans) à l'automne 2021 pour le confier au gourou allemand des citoyens du Reich Maximilian Eder.
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Johannes Hillig

C'est un chiffre qui fait froid dans le dos: en Suisse, tous les deux à trois jours, on compte un enfant enlevé. Parfois, il est emmené hors du pays, parfois il est amené illégalement sur le territoire. L'Office fédéral de la justice a enregistré un total de 154 cas d'enlèvements d'enfants pour l'année 2024. Parmi eux, 90 cas dans lesquels le jeune a été emmené hors de Suisse. C'est du moins ce que rapporte la «NZZ».

Le plus souvent, le parent resté sur le sol helvétique doit se battre contre des moulins à vent pour faire revenir son petit. La procédure prend du temps. Elle demande une énergie considérable et son issue reste incertaine, malgré la Convention de La Haye de 1980, censée garantir un retour rapide des enfants enlevés – en principe dans un délai de six semaines. Dans les faits, son application est tout sauf simple.

Chaque enlèvement est en soi un cas particulier. Mais il y a certaines similitudes. Souvent, cela se produit chez des parents qui viennent de pays différents. Lorsqu'il y a une rupture, le parent emmène l'enfant dans son pays d'origine. Et c'est généralement la mère. Dans 75%, comme l'écrit encore la «NZZ». De tels enlèvements font régulièrement la Une des journaux.

Noa emmené chez des «citoyens du Reich»

La Suissesse Sofia G.* a enlevé son fils Noa* (alors âgé de 5 ans) le 13 octobre 2021, pendant les vacances d'automne. Le petit garçon de Hofstetten (SO) aurait dû être emmené chez son père, qui avait l'autorité parentale exclusive. Au lieu de cela, Sofia G. a pris la fuite avec le petit. Elle a rejoint Maximilian Eder, un ex-officier allemand proche du Mouvement des citoyens du Reich et membre présumé du groupe terroriste Patriotische Union, soupçonné d’avoir voulu organiser un coup d’Etat en Allemagne.

Mère et fils ont vécu plusieurs mois dans la maison de Maximilian Eder, en Bavière, près de la frontière tchèque. En 2024, Sofia G. a été jugée. Elle a écopé d’une peine de 17 mois avec sursis, assortie d’un délai d’épreuve de deux ans et d’une amende de 85 jours à 30 francs. 

Une mère fait revenir sa fille du Brésil

En 2023, Roxane C.**, de Bulle (FR), a vu son ex-compagnon enlever leur fille Léa*, un an, et l’emmener au Brésil. L’homme avait prétexté un voyage d’une semaine en Espagne avec ses deux enfants – avant de s’enfuir en Amérique du Sud.

Face à l’inaction des autorités, Roxane a décidé de partir elle-même à sa recherche. Elle s’est rendue au Brésil, a mobilisé médias et réseaux sociaux, allant jusqu’à participer à une émission de télévision locale, sans parler un mot de portugais. Le 12 septembre, elle a finalement retrouvé Léa et Vanessa*, la demi-sœur de neuf ans de la fillette, à Florianópolis. Le père, Lorenzo N.*, avait enlevé les deux enfants.

Onze ans de cavale avec sa fille

En 2011, Priscilla M.** a fui la France avec sa fille Camille**, alors âgée de cinq ans, à la suite d’un conflit judiciaire avec son ex-mari. Les autorités françaises ont lancé un mandat d’arrêt international. Pendant plus de dix ans, mère et fille ont disparu.

Le 22 février 2022, le hasard a mis fin à leur cavale. Interpol a arrêté Priscilla M. lors d’un contrôle routier dans le canton de Vaud. Elle se trouvait au volant avec sa fille, désormais âgée de seize ans. Extradée vers la France, elle a été condamnée à deux ans et neuf mois de prison. La mère a été libérée en décembre 2023. Elle ne fait preuve d'aucun remords. Interrogée par BFMTV, elle a déclaré être «fière» d’avoir fui avec sa fille – «la plus belle chose» qu’elle ait faite de sa vie.

* Noms modifiés

** Noms connus de la rédaction

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