Le gouvernement doit réagir
Les plaques d'immatriculation en Suisse sont préhistoriques

Les plaques d'immatriculation suisses posent problème. André Seiler, directeur de Plaque Suisse, critique le manque d'action du Conseil fédéral face aux contrefaçons, appelant à des normes plus strictes.
Publié: 27.08.2025 à 19:52 heures
Partager
Écouter
1/6
Le Conseil fédéral ne voit actuellement aucune nécessité d’agir sur la sécurité des plaques d’immatriculation.
Photo: Screenshot Kanton Bern
RMS_Portrait_AUTOR_586.JPG
Céline Zahno

Les plaques d'immatriculation ont rarement suscité autant d'émotions. La plupart d’entre elles sont produites à Nunningen, dans le canton de Soleure. C’est là que l’entreprise Plaque Suisse fabrique les plaques d’immatriculation pour 20 cantons, ainsi que pour le Liechtenstein.

Pourtant, André Seiler, directeur de Plaque Suisse, n’est pas très enthousiaste – et ce, à cause du gouvernement. Berne a répondu à une intervention du conseiller aux Etats Werner Salzmann (UDC), qui remettait en question la sécurité des plaques d'immatriculation. Selon lui, si l’esthétique de la plaque d’immatriculation suisse est indiscutable, sa sécurité est restée bloquée en 1971.

Le gouvernement fait la sourde oreille. Les plaques ont des éléments de sécurité fiables, comme un film réfléchissant avec des marques laser, et les contrefaçons peuvent aisément être détectées. «Nous ne voyons donc pas de nécessité d’agir à court terme», a déclaré l’Office fédéral des routes (OFROU).

«Le niveau le plus bas possible»

«C’est ridicule», rétorque André Seiler. «Le film réfléchissant est le niveau le plus bas possible au monde en matière de sécurité.» Il faut une certaine incidence de la lumière pour reconnaître le signe laser dans le film réfléchissant – ceux qui prétendent que les policiers le contrôlent systématiquement racontent n'importe quoi. Beaucoup ignorent même que ce signe existe.

Par ailleurs, le panneau peut aussi être falsifié. André Seiler raconte qu’il a une fois commandé une contrefaçon venue de France pour la vérifier. «Si je l’accrochais à ma voiture, je ne pourrais probablement pas la distinguer moi-même d’un original.»

«
En Suisse, nous sommes vraiment des hommes de Néandertal en matière de plaques d’immatriculation
André Seiler, directeur de Plaque Suisse
»

D’autres pays sont beaucoup plus avancés: ils disposent par exemple d’hologrammes intégrés ou de signatures numériques sur les plaques. On peut les scanner et vérifier ainsi toutes les informations. A la frontière, cela se fait aussi en partie automatiquement. «En Suisse, nous sommes vraiment des hommes de Néandertal en matière de plaques d’immatriculation», déclare André Seiler.

La discussion sur les plaques d'immatriculation numériques n’en est qu’à ses débuts, même au niveau international, explique l’OFROU. A long terme, la situation pourrait toutefois évoluer dans le cadre de la numérisation croissante.

Vingt panneaux falsifiés

Selon André Seiler, le gouvernement minimise le danger. Dans sa réponse à l’intervention, il indique certes que l’Office fédéral des douanes et de la sécurité frontalière (OFDT) n’a trouvé que 20 plaques de contrôle falsifiées en 2024 – mais dans de nombreux cas, les falsifications ne sont même pas détectées, assure André Seiler. «D’après mes informations, les contrefaçons sont en augmentation.» Des collaborateurs de l’Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) l’auraient même sollicité l’année dernière pour une formation afin d’apprendre à les reconnaître.

«L’OFAC ne dispose pas de statistiques officielles sur les fausses plaques de contrôle», écrit l’office sur demande. Il n’est donc pas possible de dire si le phénomène a réellement augmenté. Les collaborateurs se perfectionnent en permanence, notamment lors de la formation dispensée par Plaque Suisse.

Passionnés par leur travail

«Je ne comprends pas ce qui retient le Conseil fédéral», déclare André Seiler. «Nous sommes des professionnels, nous avons un réseau international et nous savons ce qui se passe. Nous pensons depuis longtemps que les normes de sécurité doivent être renforcées.»

Ce qui l’intéresse, c’est la cause et non les affaires, souligne André Seiler. En fin de compte, il est un «passionné des plaques de contrôle» et se réjouirait si les choses avançaient enfin.

Son entreprise devrait toutefois profiter d’un renforcement de la sécurité. Plaque Suisse est détenue à 50% par l’entreprise allemande Tönnjes, leader du marché des plaques d’immatriculation en Europe. De quoi renforcer l’entreprise soleuroise, par exemple pour la modernisation du parc de machines ou pour de nouvelles plaques.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus