Entre l’Allemagne et la Suisse, la ponctualité des trains relève souvent du miracle. L’Eurocity reliant Munich à Zurich est devenu légendaire pour ses retards à répétition. Travaux, correspondances manquées, pannes de signalisation: en Allemagne, les problèmes s’enchaînent sur le rail.
A partir d'une heure de retard, les voyageurs ont droit à une indemnisation. Mais ce n’est pas tout! Une disposition introduite par la Confédération il y a quatre ans est très peu connue des passagers: les CFF se voient parfois obligés d’offrir des repas gratuits dans leurs wagons-restaurants.
Situation fréquente vers l'Allemagne
Cette situation se répète régulièrement sur la ligne de l’Eurocity Zurich–Munich, selon plusieurs témoignages recueillis par Blick. En octobre, par exemple, lorsque le train est arrivé en Suisse avec plus d’une heure de retard, le chef de bord allemand a distribué de «l’eau de secours» aux passagers: des briques de 0,5 litre d’eau minérale spécialement prévues par la Deutsche Bahn pour ce type d’incident. Mais les stocks se sont vite épuisés.
Le wagon-restaurant a donc pris le relais. Géré par Elvetino, filiale des CFF, le personnel du restaurant a annoncé: «En raison du retard important, vous recevrez gratuitement un rafraîchissement dans la voiture-restaurant.» Sur place, boissons sans alcool et petits snacks issus de l'assortiment habituel ont été distribués. Les passagers, irrités par l’attente, ont volontiers profité de l’offre. Ceux qui avaient déjà commandé une boisson avant l’annonce ont, eux aussi, été servis gratuitement.
Des scènes similaires ont été rapportées sur d’autres liaisons internationales, notamment avec l’Italie, lorsque les trains en provenance de Milan accumulent les retards. Dans ces cas, des repas sont parfois offerts aux voyageurs à bord.
Règles suisses en vigueur
Depuis quatre ans, le droit suisse prévoit également des mesures de compensation. Au-delà de 60 minutes de retard, les passagers doivent se voir proposer gratuitement boissons et nourriture, «en proportion du temps d’attente» et selon ce qui est disponible à bord, en gare ou livrable dans des délais raisonnables.
Cette réglementation concerne surtout les trains internationaux opérés conjointement par les CFF et des compagnies étrangères. Les CFF ne communiquent toutefois pas la fréquence de ces distributions.
Les chemins de fer allemands paient la note
Mais du côté de l'Allemagne, les retards sont presque anticipés. La Deutsche Bahn prévoit systématiquement des caisses d’«eau de secours» pour les trains reliant les deux pays. «Cela vaut aussi pour les trains CFF qui partent de Suisse vers l’Allemagne», confirme une porte-parole.
Lorsque les réserves s’avèrent insuffisantes, le wagon-restaurant doit intervenir. Dans ce cas, les CFF peuvent facturer à la Deutsche Bahn les boissons offertes aux voyageurs, puisque la compagnie responsable du retard assume les coûts. Pour les autres liaisons internationales, les CFF expliquent que la distribution de boissons est gérée directement par le service de restauration à bord.
Et sur le rail suisse?
Sur le réseau national, ces situations sont toutefois rarissimes. Les CFF n’emportent pas d’«eau de secours» et n’ont que très rarement l'obligation de distribuer snacks ou boissons. Leur ponctualité reste en effet bien supérieure à celle des chemins de fer allemands.
En revanche, dans les grands tunnels de base, comme ceux du Gothard ou du Ceneri, des réserves d’eau sont stockées en permanence. Ce type de ligne doit pouvoir répondre à toute urgence.