La plaque «SO 1» a déclenché un emballement inédit. Tard dans la soirée jeudi 4 décembre, son prix a dépassé le million de francs, pulvérisant le précédent record suisse, quelques heures seulement après le lancement des enchères.
Et cela ne fait que commencer, puisque la vente se poursuit jusqu’au 17 décembre. Jusqu’ici, les plaques les plus chèrement adjugées étaient «ZH 25» à 299'000 francs, «ZG 10» à 233'000 francs et «ZH 100» à 226'000 francs.
Richard Aschberger, ne cache pas sa satisfaction. Le député de l'Union démocratique du centre (UDC) soleurois avait proposé il y a plusieurs années de vendre «SO 1» aux enchères pour renflouer les finances cantonales. «On s’était moqué de moi à l’époque», raconte-t-il. Mais lui-même ne s’attendait pas à une envolée pareille. «J’imaginais un prix réaliste autour de 80'000 francs. Ce qui se passe aujourd’hui est incroyable.»
Un soulagement pour Soleure
Pour un canton en difficulté financière, cet afflux d’argent tombe à point nommé, estime le député de Granges. Il a lui-même enchéri au tout début, quand le prix restait encore modeste. Richard Aschberger était prêt à dépenser jusqu’à 21'000 francs.
En riant, il précise qu’il l’avait promis à l'Etat quand il avait été titillé après son intervention. Il dit aussi connaître cinq ou six autres personnes ayant participé aux enchères, lui qui a déjà œuvré dans le commerce de voitures de luxe.
Crédibilité des acheteurs mise en doute
Finalement, les montants se sont emballés jusqu’à atteindre 1 million de francs, proposé par un utilisateur se présentant sous le pseudonyme «Inceste». De quoi susciter le doute sur la crédibilité de l’offre.
Richard Aschberger espère que l’argent finira réellement dans les caisses publiques. Il ne cache pas ses réserves: «Je doute que tous les enchérisseurs aient les moyens de payer.» Théoriquement, chacun peut participer, aucune preuve de liquidité ou financement n’est exigée.
«Chaque franc est bienvenu»
Kenneth Lützelschwab, chef du service des véhicules du canton de Soleure, reste toutefois confiant. Il affirme que les offres sont considérées comme authentiques tant que rien ne prouve le contraire. L’autorité ne peut cependant vérifier qu’à la fin de la vente si chaque enchérisseur «dispose effectivement des moyens nécessaires». Les noms et adresses sont consignés, et en cas de non-paiement, la créance est poursuivie par voie judiciaire.
Selon Richard Aschberger, le produit de la vente revient au service des véhicules à moteur, qui peut l’utiliser notamment pour l’entretien des routes. «Chaque franc qui soulage les finances cantonales est bienvenu», souligne-t-il.
Vendu en 1994 pour 20'000 francs
La plaque «SO 1» est un objet unique. Non seulement elle porte le numéro «1», mais elle appartient aussi à l’histoire des enchères de plaques en Suisse. Soleure avait été pionnier en 1994 en mettant ce numéro aux enchères, récoltant alors 20'000 francs. D’autres cantons avaient ensuite suivi le mouvement.
Depuis 2008, la plaque dormait de nouveau au dépôt du service cantonal des véhicules. Le Conseil d’Etat a finalement décidé de la remettre en vente.