La SRG SSR va diffuser à nouveau ses programmes en FM
«Nous allons devoir économiser des millions de francs supplémentaires»

Des milliers d'auditeurs ont modernisé leur autoradio après l'abandon de la FM par la SRG SSR il y a un an. Aujourd'hui, les stations y reviennent. Dans une interview, la directrice générale Susanne Wille justifie ces choix et explique sa future stratégie.
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«Nous étions fiables», déclare Susanne Wille, directrice générale de la SSR au sujet du retour surprise de la radio FM.
Photo: keystone-sda.ch
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Lucien Fluri

Depuis près d'un an, les radios de la SRG SSR ne sont plus accessibles en FM. Mais le groupe audiovisuel public doit finalement y remédier. Contrairement à un accord conclu entre la SSR, les responsables politiques et les radios privées, la bande FM restera en service au-delà de 2026. Le Conseil des Etats a pris cette décision à la demande des radios privées.

Quelles sont les conséquences de ces allers-retours pour la SSR et l'initiative de la redevance? Qu'en est-il des automobilistes qui ont investi une somme importante dans la modernisation de leur autoradio? La directrice générale de la SRG SSR, Susanne Wille, nous livre son point de vue dans cet entretien.

Susanne Wille, les politiciens autorisent la FM à poursuivre plus longtemps que prévu. Ils avaient tout coupé et reviennent maintenant sur leurs pas. Ce revirement est une défaite pour vous?
Nous avons été fiables. La SRG SSR a respecté tous les accords. Les politiciens ont changé les règles du jeu en cours de route. Nous devons donc réagir. 

Vous accusez la politique. N'était-ce pas tout simplement une mauvaise décision d'abandonner la radio FM dès le départ? Vous avez perdu un demi-million d'auditeurs.
Neuf personnes sur dix écoutent déjà la radio en numérique. Et il y a dix ans, les radios privées, la SSR et la Confédération avaient convenu d'abandonner la FM — un engagement que nous avons respecté. Mais si cette transition ne peut finalement pas se faire ensemble, la SSR doit aussi rester sur la FM. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des auditeurs pendant plusieurs années.

Ce retour sur la FM vise-t-il également à créer un climat favorable avant la votation du 8 mars sur l'initiative de la redevance?
La SSR est synonyme de décisions fiables et minutieuses. Nous nous appuyons sur ce qui est en vigueur. La situation de départ est maintenant très différente, nous devons réagir et corriger le tir. Nous voulons que nos programmes radio soient entendus.

Pourquoi la décision n'intervient-elle que maintenant, pour ainsi dire sous la pression de la politique? Roger Schawinski vous a conseillé d'annoncer la décision plus tôt. Vous vous seriez ainsi attiré la sympathie de la population.
J'ai dit dès le début que nous gardions toutes les options ouvertes. Mais nous n'avons pas voulu anticiper la décision politique. Nous l'avons attendue. Et deux jours plus tard, elle est tombée.

Des milliers de personnes ont dépensé en vain de l'argent pour équiper leur radio en DAB+.
Ceux qui ont le DAB+ pourront continuer à l'écouter. Mais ces tergiversations n'ont rien à voir avec la SSR. Je le répète: nous avons été fiable depuis le début.

«
Je me concentre désormais sur la manière de reconquérir nos auditeurs. Pour beaucoup, écouter la radio FM est essentiel
Susanne Wille, directrice générale de la SRG SSR
»

A quel point avez-vous été déçue par les radios privées?
La situation a changé, et je ne m'attarde pas sur ce sujet. Je me concentre désormais sur la manière de reconquérir nos auditeurs. Pour beaucoup, écouter la radio FM est essentiel. Nous prenons cela très au sérieux.

Quand la SSR reviendra-t-elle à la FM?
Nous devons clarifier cela avec l'Office fédéral de la communication. Nous nous y attelons dès maintenant.

La radio FM coûte 15 millions de francs par an à la SSR, alors qu'elle doit déjà réduire ses dépenses. Que signifie cette décision pour vous?
Nous devons être honnêtes à ce sujet: ce montant vient s'ajouter aux 270 millions de francs que nous devons déjà économiser à la suite de la baisse de la redevance décidée par le Conseil fédéral. La couverture FM complète coûte 15 millions de francs par an. Si cette dernière est prolongée de dix ans, cela représente 150 millions de francs supplémentaires à économiser.

Quel est votre pronostic pour la votation du 8 mars sur l'initiative de réduction de moitié?
Je ne fais pas de pronostics. Je retrousse mes manches tous les jours et je montre qu'une SSR forte est importante pour la Suisse.

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