Pendant des mois, le fils du médecin traitant Carlo B.* aurait eu accès à des dossiers de patients strictement confidentiels du service de radiologie de la clinique Hirslanden de Zurich. Selon une lettre anonyme reçue par Blick, le fils se serait même amusé pendant cette période à étudier les dossiers de célébrités suisses et à rechercher si ses connaissances avaient pu avoir recours à la chirurgie esthétique. Son père, le médecin Carlo B., aurait été au courant.
Dans une prise de position lundi 8 décembre, la clinique zurichoise confirme la fuite de sécurité à Blick: «Cette affaire est une priorité pour Hirslanden. La clinique a immédiatement mené une enquête interne sur ce cas et pris les mesures nécessaires.»
Menacé de licenciement
Mardi, le directeur de la clinique, Marco Gugolz, s'est montré plus explicite: «Nous supposons que l'auteur de cette lettre anonyme n'est ni plus ni moins l'épouse du médecin incriminé, qui souhaite nuire à son mari et à sa famille.» Il confirme que le praticien a effectivement accordé à sa femme un accès illégal aux dossiers des patients.
«Nous avons immédiatement réagi, en lui adressant un avertissement sous peine de licenciement, et en lui ordonnant de modifier immédiatement son mot de passe, ce que nous avons confirmé», poursuit le directeur de la clinique. Une enquête est en cours pour déterminer quelles données de patients ont pu être consultées.
La lettre donne une autre version
La lettre anonyme nous est parvenue la semaine dernière. A ce jour, Blick n’est pas en mesure de vérifier si elle émane réellement de Jeannette B., l'épouse du médecin. Le contenu présentait toutefois une version différente des faits: le médecin Carlo B. aurait transmis ses identifiants de connexion à son fils, lequel, confronté à un problème de santé, souhaitait s'informer sur les différentes options de traitement. Pour cette raison, son père lui aurait ouvert l'accès à l'ensemble des dossiers des patients du service de radiologie.
Dans un premier temps, le fils aurait consulté des cas similaires. Plus tard, toujours selon la lettre, il aurait commencé à chercher des noms parmi ses connaissances et des personnalités suisses. La clinique aurait été informée de ces accusations depuis longtemps, sans toutefois y donner suite. C'est pour cette raison, explique l'auteur anonyme, qu'une plainte de surveillance a finalement été déposée auprès de la Direction zurichoise de la santé, dirigée par la conseillère d'Etat Nathalie Rickli.
La clinique affirme cependant que cette version des faits est totalement fausse. «La clinique Hirslanden a immédiatement procédé à des vérifications internes concernant les éléments signalés et a pris des mesures sur la base des résultats de cette enquête», indique-t-elle.
La clinique est responsable
Mardi 9 décembre, la Direction de la santé a également confirmé qu'une enquête était en cours. Elle indique avoir immédiatement instauré des mesures de surveillance dès que l'affaire a été signalée. Si les faits devaient être avérés, le médecin mis en cause risquerait de lourdes sanctions, pouvant aller jusqu'au retrait de son autorisation de pratiquer.
La responsabilité de la sécurité informatique incombe toutefois clairement à la clinique Hirslanden: «Nous attendons des hôpitaux qu'ils assument leur devoir de diligence et le respectent systématiquement», affirme la Direction zurichoise de la santé. Cela vaut tout particulièrement pour les médecins qui collaborent avec les hôpitaux, mais qui disposent de leur propre cabinet et ne sont donc pas directement employés, comme le souligne la Direction de la santé dans sa réponse.
Il n'est pas possible de dire combien de temps durera l'enquête. «Il s'agit d'une procédure complexe, d'autant plus que plusieurs personnes sont impliquées et que l'établissement des faits est également exigeant d'un point de vue technique».
«Une affaire hautement personnelle»
Blick a tenté d'interroger le médecin concerné. Toutefois, l'appel passé à Carlo B. est resté sans suite, malgré sa promesse d'une interview lundi soir. Le lendemain, il a finalement contacté Blick par écrit, indiquant ne pas souhaiter faire de déclarations publiques tant que la procédure est en cours. Il affirme cependant collaborer pleinement avec l'Office de la santé publique. Quant au contexte, il ajoute: «Comme vous l'avez très justement relevé, cette procédure s'inscrit dans une affaire hautement personnelle.»
Blick a également tenté de contacter l'épouse du médecin. Jusqu'à la publication de cet article, nous n'avons pas réussi à la joindre.
*Noms connus de la rédaction