Il est des fantômes qui tardent à disparaître. Helen, comme «24 heures» a choisi de la présenter dans son article, a été sexuellement agressée par son médecin, en Norvège, alors qu'elle n'avait que 17 ans. Après jugement, celui-ci est condamné et perd son droit d'exercer la médecine dans son pays.
L'effroi d'Helen est immense quand elle apprend quelques années plus tard que l'homme travaille – aujourd'hui encore – en tant que docteur dans un cabinet du canton de Zurich. Un cas isolé?
Dangereuse ignorance
Actuellement, on estime que six médecins exercent en Suisse malgré une radiation à l’étranger. Le système de délivrance des licences médicales impose pourtant aux candidats un extrait de casier judiciaire et un certificat de bonne conduite. Mais ce mécanisme dépend de la transparence des dossiers transmis.
Et c'est là où le bât blesse: les autorités cantonales ignorent la plupart du temps les sanctions prononcées au-delà de nos frontières. Autre facteur aggravant: la Suisse n’est pas membre du système européen d’alerte IMI, qui permettrait aux autorités de savoir automatiquement lorsqu’un professionnel de santé est sanctionné dans son pays d'origine.
Des voix s’élèvent à présent pour réclamer un changement. Baptiste Hurni, conseiller national socialiste et vice-président de l'Organisation suisse des patients souligne qu'«il en va de la confiance dans le système et de la protection des patientes et patients.» De son côté, la présidente de la Fédération des médecins suisses, Yvonne Gilli, affirme qu'il est urgent que la Suisse intègre le système d'alerte de l'UE. «Chaque cas est un cas de trop.»