Sous pression, Swatch refuse tout licenciement
Nick Hayek: «Les employés sont plus importants que le cours des actions!»

Le géant horloger suisse Swatch Group fait face à une période difficile, avec un résultat opérationnel divisé par trois au premier semestre. Malgré les pressions pour des restructurations, le PDG Nick Hayek reste déterminé à préserver les emplois en Suisse.
Publié: 18.07.2025 à 14:55 heures
Partager
Écouter
1/5
Swatch Group vacille. Le bénéfice du géant suisse de l'horlogerie s'est effondré au premier semestre.
Photo: keystone-sda.ch
RMS_Portrait_AUTOR_377.JPG
Martin Schmidt

Swatch Groupe traverse décidément une période compliquée. Au début de l'année, Nick Hayek, le patron du groupe horloger, espérait encore une évolution positive du chiffre d'affaires en 2025. Mais aujourd'hui, cet objectif s'apparente à doux rêve: selon des chiffres publiés jeudi 17 juillet, le résultat opérationnel du géant a été divisé par trois, passant à 68 millions, contre 204 millions un an plus tôt. Pour un groupe qui pèse plusieurs milliards, cela équivaut presque à un zéro pointé.

Les analystes financiers ne mâchent pas leurs mots à l'égard du géant horloger. Pour eux, la multinationale doit être remaniée en profondeur, avec à la clef des suppressions de postes et un renouvellement de la direction. Nick Hayek, lui, reste imperturbable, surtout quand les critiques proviennent du monde bancaire: «C’est un combat culturel, déclare-t-il à Blick. Les gens comptent plus pour moi que le cours de l’action.»

«Préserver les emplois en Suisse»

De manière générale, les entreprises ont tendance à réduire leurs capacités de production et à sabrer dans les effectifs lorsque le chiffre affaires baisse et que le bénéfice recule sur une longue période. Mais chez Nick Hayek, les choses ne se passent pas ainsi. «Les banquiers veulent qu’on maximise nos profits. Si on licenciait 2000 personnes ou si on délocalisait la production en Chine, ils seraient les premiers à applaudir», s'insurge le n°1 de Swatch Group.

Pour lui, ce n'est même pas une option: «Nous voulons préserver l’industrie et les emplois en Suisse.» Nick Hayek promet ne pas abandonner les fournisseurs locaux. Quant à ses employés, ils restent pleinement actif, assure-t-il. Chez Swatch, le chômage partiel n'est pas de mise: les équipes continuent à produire et à développer de nouveaux modèles.

Marché chinois en berne

Ce n'est un secret pour personne: l'industrie horlogère est sujette à des crises cycliques qui peuvent fortement affecter la demande. Cette fois, les turbulences proviennent du très stratégique marché asiatique: en Chine, à Hongkong, ou encore à Maco, la demande – et donc les ventes – se sont effondrées au premier semestre.

En cause: la crise immobilière en Chine. Les propriétaires ont perdu beaucoup d’argent et rechignent désormais à s'acheter des montres, surtout lorsqu'il s'agit de modèles de luxe. Or, en plus des célèbres montre Swatch, le groupe dirigé par Nick Hayek détient également des marques de gammes plus élevées comme Tissot, Omega, Blancpain ou encore Rado.

Mais les soucis du côté de l'Asie ne font pas tout. Le franc fort pèse lui aussi sur le groupe, dont la production est majoritairement suisse. La monnaie nationale a augmenté d'environ 10% par rapport au dollar américain et au yuan chinois. Une variation énorme qui a eu pour effet direct de réduire de 113 millions de francs le chiffre d'affaires de Swatch Group.

«Les droits de douane ne m'inquiètent pas»

Mais après plus d'un an de pertes continues, le pire est peut-être enfin passé par Swatch Group, estiment certains analystes bancaires. Nick Hayek partage cet avis et se veut confiant pour la suite, et notamment pour le second semestre. Des signaux positifs peuvent déjà être observés en Europe, au Moyen-Orient ou encore en Inde, assure-t-elle.

Le marché nord-américain, lui aussi très stratégique, enregistre quant à lui la plus forte croissance. «Les droits de douane ne m’inquiètent pas. Depuis leur introduction aux Etats-Unis, nous avons vendu encore plus de montres», affirme Nick Hayek. Selon lui, Swatch Group est sur la voie de la reprise, et la situation en Chine n'y change rien.

Une nouveauté arrive

Pour relancer la machine, Swatch Groupe mise également sur sa dernière innovation: une montrée personnalisée grâce à une intelligence… artistique. C'est en effet la signification que donne le géant horloger suisse à l'acronyme «IA». 

Concrètement, les clients peuvent soumettre en ligne leurs envies de design, et l’algorithme se charge ensuite de générer et de leur proposer un modèle unique. L’outil se calque sur l'ensemble des designs conçus par Swatch depuis 1983 et intègre uniquement des motifs et des créations dont la marque détient les droits. «Il en résulte une pièce unique, imprégnée de l’ADN Swatch», explique Nick Hayek.

Le prix de ces montres devrait se situer dans une fourchette de 100 à 120 francs. Reste à savoir si cette nouveauté suffira à créer un nouveau phénomène autour de la marque. Dans l'immédiat, les marchés n’ont pas sanctionné les résultats décevants du géant suisse de l'horlogerie. L’action Swatch a même gagné près de 3% jeudi.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la