«Je travaille jusqu'à 12h par jour»
Dans ce resto suisse, la semaine de quatre jours a changé la vie des employés

Un restaurant du centre de Zurich a décidé d'autoriser ses employés à travailler quatre jours par semaine au lieu de cinq. Une initiative qui séduit largement les employés de l'établissement. Blick est parti à la rencontre de deux d'entre eux.
Publié: 11:17 heures
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Trinidad Sagredo (à gauche) et Julianne Honegger (à droite) travaillent chacune jusqu'à douze heures par jour.
Photo: Philippe Rossier
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Milena Kälin et Philippe Rossier

Ici, on prend une commande. Là, un client demande l’addition. Au même moment, de nouveaux convives attendent d’être installés. Vous l’aurez compris: lorsqu’on travaille dans la restauration, on n’a pas le temps de souffler.

Trinidad Sagredo le sait mieux que quiconque: «Quand le restaurant est plein, je passe ma journée à courir.» Cette Suissesse de 34 ans est la directrice adjointe du restaurant coréen Miss Miu, situé au centre de Zurich. L’établissement fait partie du groupe Familie Wiesner Gastronomie (FWG), qui possède de nombreuses chaînes de restaurants asiatiques très populaires dans la ville.

Pour soulager ses équipes, FWG a décidé de miser sur la semaine de quatre jours volontaire, dès lors que l’organisation le permet. Les collaborateurs à plein temps effectuent ainsi leurs 40 heures hebdomadaires en quatre jours au lieu de cinq. Les journées sont plus longues, mais chacun profite de trois jours de congé par semaine.

Trinidad Sagredo aime profiter des jours de congé pour passer du temps avec sa famille et ses amis.
Photo: Philippe Rossier

«Le soir, je n’ai presque plus d’énergie»

«Selon mes horaires, je peux travailler jusqu’à douze heures par jour», confie Trinidad Sagredo lors de la visite de Blick dans son restaurant. Comme elle habite dans le canton voisin d’Argovie, impossible pour elle de rentrer chez elle, malgré sa longue pause de midi. Cela fait un peu plus d’un an qu’elle a adopté le nouveau modèle de la semaine de quatre jours.

Une transition qui n’a pas été simple. «Il m’a fallu un certain temps pour que mon corps s’habitue à ce nouveau rythme», raconte-t-elle. Investie depuis onze ans dans la restauration, elle travaillait durant cinq jours consécutifs auparavant.

«Le soir, je n’ai presque plus d’énergie, c’est un aspect qu’il ne faut pas sous-estimer», admet-elle. Aller au sport ou faire une lessive un jour de travail n’est plus envisageable. «Le temps libre en semaine me manque – avec cinq jours de travail, on en profitait différemment», ajoute-t-elle. Elle reconnaît d’ailleurs que la semaine de quatre jours pourrait finir par lui peser.

Mais pour l’instant, les trois jours de repos l’emportent largement. «J’ai un jour pour récupérer, et deux jours entiers pour ma famille et mes amis, se réjouit Trinidad Sagredo. Je me sens vraiment reposée.»

Soulagement pour les familles

Julianne Honegger travaille elle aussi selon le modèle de la semaine de quatre jours. Assistante de direction au sein du même restaurant, la jeune femme de 28 ans gère les réservations, accueille les clients et supervise le service à l’entrée.

Julianne Honegger travaille généralement tard le soir.
Photo: Philippe Rossier

«En tant que mère, la semaine de quatre jours est idéale pour moi: j’ai plus de temps pour mes enfants», explique-t-elle. Avant, elle travaillait cinq jours en salle. Le changement s’est fait sans difficulté: «Pendant quatre jours, je donne tout, puis j’ai trois jours à moi, avec ma famille.» Ses enfants ont deux et quatre ans.

Julianne Honegger travaille généralement le soir. Souvent, c’est elle qui ferme le restaurant: «Ainsi, je peux passer les matinées avec mes enfants.» Son mari, est lui aussi séduit par ce rythme. Lui aussi aimerait bien travailler quatre jours par semaine, mais son entreprise ne le permet pas.

Plus de 10 pour cent profitent de l’offre

Parmi les quelque 750 employés du groupe FWG, 85 ont choisi la semaine de quatre jours volontaire, soit un peu plus de 11%. «Le modèle séduit surtout les cadres et le personnel de cuisine, car il est plus facile à appliquer dans ces postes», explique Manuel Wiesner, qui codirige l’entreprise avec son frère Daniel.

Au départ, les équipes étaient sceptiques. Mais une longue phase pilote menée en 2021 a permis de trancher: «Les retours sont variés, mais globalement positifs. Beaucoup voient dans ce temps libre supplémentaire un vrai gain. Cela convient à certains, moins à d’autres – la clé, c’est la flexibilité», souligne l’homme de 38 ans.

Les deux employées recommandent ce modèle. «C’est une solution dans l’air du temps», estime Julianne Honegger. Sa collègue Trinidad Sagredo nuance: «Si tu profites bien de tes trois jours libres, c’est vraiment génial. Mais ça doit rester un choix, car la charge physique reste élevée.»

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