Migros et Raiffeisen ont déjà commencé
La semaine de quatre jours séduit de plus en plus d'entreprises en Suisse

La semaine de quatre jours gagne du terrain en Suisse. De grosses entreprises l'ont déjà adoptée, offrant plus de flexibilité à leurs employés. Les études montrent des avantages en termes de santé et de satisfaction au travail, sans perte de productivité.
Publié: 05:40 heures
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Dernière mise à jour: 07:48 heures
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Travailler quatre jours et profiter de trois jours de congé: de grandes entreprises suisses expérimentent ce nouveau modèle.
Photo: Keystone
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Milena Kälin

Travailler quatre jours et profiter de trois jours de congé: les grandes entreprises expérimentent ce nouveau modèle. En effet, la pénurie de main-d'œuvre qualifiée pousse les entreprises à repenser leurs conditions de travail de manière créative. «Je ne serais pas étonnée que ce modèle s’impose davantage à l’avenir», déclare Beatrix Eugster, économiste du travail à l'Université de Saint-Gall. Les données empiriques restent toutefois limitées, tant au niveau mondial qu’en Suisse.

Mais il apparaît déjà que ceux qui adoptent ce modèle y restent souvent. «De nombreuses organisations ayant introduit une semaine de quatre jours 'à l’essai' souhaitent la conserver», souligne Beatrix Eugster. Elle précise cependant: «En Suisse, les efforts n’en sont encore qu’à leurs débuts.»

Une enquête menée par Blick auprès des plus grands employeurs suisses confirme cette tendance. Sur 14 entreprises ayant répondu, quatre proposent la semaine de quatre jours d’une manière ou d’une autre. Cinq grandes entreprises, actives dans toute la Suisse, n’ont pas réagi malgré des sollicitations répétées.

Dans le commerce de détail

La coopérative Migros Zurich mise sur la semaine de quatre jours. Depuis mars, les employés peuvent choisir de travailler à 100% ou 90% sur quatre ou cinq jours. «Les collaborateurs de supermarché sans contrat de cadre peuvent librement opter pour ce modèle», explique une porte-parole. La décision finale revient à la direction du magasin.

Sur les 2000 collaborateurs pouvant bénéficier de ce modèle, environ 2% l’ont choisi. Ils sont répartis dans 22 magasins de la région zurichoise. Dans le groupe Migros, chaque entreprise décide de manière autonome des modèles de temps de travail proposés. Le concurrent Coop offre également la semaine de quatre jours, principalement pour les chauffeurs, qui peuvent répartir leurs 41 ou 45 heures hebdomadaires sur quatre ou cinq jours. Pour les autres postes, la situation est évaluée individuellement.

Le secteur financier également concerné

La semaine de quatre jours séduit aussi dans le secteur bancaire, comme le montre la banque Raiffeisen basée à Appenzell. «Les collaborateurs peuvent travailler 4,5 jours à 8,4 heures ou 4 jours à 9,5 heures par jour», indique un porte-parole. Les employés à temps partiel bénéficient également de cette flexibilité. Les jours et demi-journées de congé sont organisés pour garantir l’ouverture et le service à la clientèle cinq jours par semaine.

Les retours sont positifs: l’efficacité a augmenté et la performance s’est améliorée. Le modèle attire aussi de nouvelles personnes: «Les candidatures ont été nettement plus nombreuses grâce à ce modèle attractif».

Moins de burn-out et productivité stable

D’autres entreprises, comme Roche, les CFF ou ABB, privilégient le travail à temps partiel, hybride ou l’annualisation du temps de travail. La Poste, elle, ne propose pas la semaine de quatre jours. «Nous attachons une grande importance à la santé de nos collaborateurs et estimons qu’un emploi à 100% sur quatre jours seulement n’est pas judicieux, car cela entraînerait de très longues journées», explique un porte-parole.

Pourtant, des études montrent les bénéfices du modèle: moins de burn-outs, satisfaction au travail accrue et meilleure santé psychique et physique, selon Beatrix Eugster. Une étude britannique confirme en outre que, contrairement aux craintes, la productivité ne diminue pas. Cependant, le modèle ne se prête pas à tous les secteurs. Beatrix Eugster précise: «La coordination est plus difficile dans les commerces aux horaires fixes.»

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