Le comité d’initiative pour un salaire minimum dans le canton de Fribourg lance sa campagne en vue de la votation du 30 novembre. Le texte vise à ancrer dans la loi sur l’emploi et le marché du travail (LEMT) un salaire minimum obligatoire de 23 francs de l’heure.
L'objectif est clair, a indiqué vendredi le comité d'initiative. Il s'agit de «permettre à tous les salariés de vivre de leur travail. Il est inacceptable que des Fribourgeois se lèvent tôt, travaillent toute la journée, rentrent tard, mais n’arrivent pas à payer leurs factures, faire leurs courses ou offrir des loisirs à leurs enfants».
L'initiative législative entend «motiver des jeunes à travailler dans la vente, la petite enfance ou la restauration», sans avoir comme «seule perspective la précarité». L’introduction d’un salaire minimum apparaît comme une mesure «pragmatique et efficace», a précisé le comité issu des rangs de la gauche et des syndicats.
Genève et Neuchâtel
A Genève, qui connaît la pratique de longue date, une étude de la Haute école de gestion a montré que le taux de chômage n’a pas augmenté. Mieux même, ont relevé les intervenants de la conférence de presse, «les femmes ont eu plus de facilité à retrouver un emploi, après l’introduction d’un salaire minimum».
A Neuchâtel, autre canton qui connaît ce régime, le taux d’aide sociale a diminué de 7,4% à 5,9% depuis son introduction, «alors que ce même taux est constant en Suisse». Au-delà, le comité s'est réjoui «de faire campagne auprès de la population et s’engagera sans compter pour faire avancer Fribourg dans la bonne direction».
Sixième canton
En cas d'acceptation de l'initiative, Fribourg deviendra le sixième canton à instaurer un salaire minimum après Neuchâtel, Jura, Genève, Tessin et Bâle-Ville. Déposée en novembre 2023, avec 8111 paraphes, l'initiative avait abouti avec 7040 signatures, une fois les vérifications d'usage réalisées, alors que 6000 étaient requises.
Le 25 juin dernier, le Grand Conseil a rejeté l'initiative «Pour un salaire minimum», sans lui opposer de contre-projet. La majorité de centre-droit a suivi l'avis du Conseil d'Etat, par 63 voix contre 33 et une abstention, en estimant qu'elle risquait d’affaiblir le partenariat social issu des conventions collectives de travail (CCT).
Le choix de l'initiative législative entièrement rédigée implique que les modifications à apporter à la LEMT sont déjà contenues dans le texte. L'application de celui-ci, en cas d'aval populaire le 30 novembre, serait en conséquence déjà réglée.
La coalition réunit l’Union syndicale fribourgeoise, Unia, Syna, le Syndicat des services publics (SSP), Syndicom, le Syndicat du personnel des transports (SEV), le PS, la Jeunesse socialiste, les Vert-e-s, le Centre gauche, les Jeunes POP et la Fédération des organisations du personnel des institutions sociales fribourgeoises (FOPIS).