Discussions au Grand Conseil
Les élus vaudois se penchent sur un budget unanimement critiqué

Les députés vaudois sont entrés en matière sur le budget 2026 du canton. Pour l'heure, les discussions sont restées générales, mais elles ont déjà confirmé que le projet du Conseil d'Etat ne contentait personne.
Les députés vaudois ont entamé mardi après-midi leurs débats sur le budget 2026 de l'Etat de Vaud.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT
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ATS Agence télégraphique suisse


Les députés vaudois sont entrés en matière sur le budget 2026 du canton. Pour l'heure, les discussions sont restées générales, mais elles ont déjà confirmé que le projet du Conseil d'Etat ne contentait personne avec ce budget déficitaire de 331 millions, lequel intègre des mesures d'économie (305 millions) et un recours à la fortune cantonale (493 millions). 

L'entrée en matière a donné lieu, mardi après-midi, à l'attendu duel de «grandes déclarations» entre la droite et la gauche, entre une partie de l'hémicycle réclamant une meilleure maîtrise des charges et une autre exigeant une hausse des revenus avec une augmentation des impôts pour les plus riches. 

Austérité dénoncée

Pour le chef du groupe socialiste, Sébastien Cala, le Conseil d'Etat «ne fait que raboter et couper partout», avec comme «seule boussole» de «faire payer les services publics» et de «protéger les riches contribuables.» Il a critiqué un gouvernement qui reste «silencieux dans son château», alors que la fonction publique est dans la rue pour dénoncer cette «austérité»

Pour son homologue des Vert-e-s, Kilian Duggan, le Conseil d'Etat donne «une claque à la classe moyenne» et «manque de courage» en renonçant à «toute mesure pour augmenter les recettes». Selon lui, «mobiliser les grosses fortunes doit faire partie de l'équation.» Vincent Keller (Ensemble à gauche - POP) a, lui, qualifié les ministres cantonaux «d'apprentis Javier Milei vaudois» qui «pilonnent» les services publics et «assèchent» les finances.

Etat «obèse»

Autre vision à droite, où les députés ont répété que ce budget n'avait rien d'un budget d'austérité. Le chef du groupe PLR, Nicolas Suter, a notamment rappelé que les charges augmentaient de 3,6% dans le budget 2026, lequel prévoyait aussi la création de 275 postes et des investissements nets de plus d'un milliard. 

Selon lui, les économies ne sont certes «pas agréables», mais nécessaires pour ne pas laisser les comptes «dériver dans le rouge.» Il a appelé le Conseil d'Etat à trouver «des mesures pérennes» pour améliorer les finances cantonales.

Plus virulent, l'UDC Cédric Weissert a critiqué un Etat de Vaud devenu «obèse» et qui «dilapide» l'argent des contribuables pour des «politiques publiques inefficaces». Vaud est devenu un canton «d'assistés et de subsidiés», a ajouté Fabrice Moscheni. 

Du côté des Vert'libéraux, son chef de groupe Jerome De Benedictis a jugé que le budget «ratait sa cible» en «tapant» dans les mauvais secteurs, mais aussi en évitant de vraiment s'attaquer aux charges. «Entre le coupe-ongles du Conseil d'Etat et la tronçonneuse de Javier Milei, il doit y avoir une voie intermédiaire», a-t-il dit, dans une nouvelle référence au président argentin.

«Garder le cap»

Prenant la parole en fin de journée, la présidente du gouvernement et cheffe des finances, Christelle Luisier, a appelé les députés à «privilégier le pragmatisme aux postures». Elle a reconnu que la période était «tendue» mais qu'il fallait «garder le cap», quitte à prendre «des décisions impopulaires».

Selon elle, ce projet de budget permet de «maîtriser la hausse des charges» en attendant de trouver des mesures durables. Celles-ci doivent être élaborées l'an prochain avec, comme objectif à terme, un retour à l'équilibre financier à l'horizon 2030. Les députés ont juste eu le temps mardi d'accepter l'entrée en matière, par 127 oui, 12 non et 9 abstentions. Ils entreront dans le vif du sujet mercredi et lors des prochaines séances prévues jusqu'à Noël.

Question sensible des salaires

Parmi les points les plus sensibles à venir figurera notamment la «contribution de crise» imposée aux employés de l'Etat, soit une baisse de leur salaire de 0,7% pendant une année (sauf pour les classes salariales inférieures). Cette question a déjà donné lieu mardi à des escarmouches entre la gauche et la droite, les premiers dénonçant une mesure «injuste» et «scandaleuse», les seconds critiquant «de fausses vérités».

Sur ce point, Christelle Luisier a aussi demandé de s'en tenir aux faits. Elle a notamment relevé que, comme les annuités sont maintenues, la grande majorité des employés de l'Etat (85%) bénéficiera toujours d'un salaire en hausse, mais de manière moins importante que prévu. La contribution demandée aux communes, via une nouvelle répartition de l’impôt sur les gains immobiliers, sera aussi largement débattue ces prochains jours. De même que les réductions de subventions envisagées dans divers secteurs.

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