Deux mois après la venue des talibans à Genève
L'expulsion des onze délinquants afghans n'a jamais eu lieu

En août, quatre représentants des talibans se sont rendus à Genève pour identifier treize Afghans en vue d'un rapatriement. Aujourd'hui, les treize se trouvent toujours en Suisse. Les raisons de ce retard restent floues, mais Berne maintient ses projets de renvoi.
Publié: 28.10.2025 à 11:06 heures
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Dernière mise à jour: 28.10.2025 à 11:11 heures
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En août, quatre officiels talibans se sont rendus en Suisse. Ils ont identifié 13 ressortissants afghans.
Photo: AFP via Getty Images
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Joschka Schaffner

A la mi-août, la Suisse a officiellement accueilli quatre représentants des talibans. Les membres du mouvement islamiste, au pouvoir en Afghanistan depuis 2021, ont séjourné deux nuits à Genève, aux frais de la Confédération – vol, hôtel et repas compris.

Leur mission: identifier treize ressortissants afghans présents en Suisse. Selon le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), il s’agissait de onze personnes condamnées pour des infractions pénales et de deux cas de retours volontaires. Leur renvoi vers l’Afghanistan devait suivre rapidement. Mais plus de deux mois plus tard, tous se trouvent encore sur le territoire suisse.

Comme le rapporte la SRF, les raisons de ce retard demeurent floues. Le SEM avait pourtant indiqué en août que la visite des représentants talibans s’était déroulée avec succès. Le service de la Confédération n’a toutefois pas souhaité expliquer à la chaîne publique pourquoi les treize Afghans n’avaient pas encore été expulsés.

Seulement cinq expulsions

Le SEM dit toutefois maintenir ses intentions et affirme que les rapatriements devraient bel et bien avoir lieu, sans donner plus de précisions sur la date. L’an dernier, le ministre de la Justice Beat Jans (PS) avait décidé que les délinquants afghans seraient expulsés après avoir purgé leur peine.

Mais jusqu’à présent, seuls cinq renvois ont effectivement été réalisés, à l’automne 2024. Entre temps, un changement administratif du côté des talibans est venu compliquer la procédure: désormais, le régime n’accepte plus que des documents de voyage délivrés directement par les autorités de Kaboul. C’est cette exigence qui avait rendu nécessaire la venue des fonctionnaires afghans à Genève 

D'autres pays misent sur les fonctionnaires consulaires

La problématique ne concerne pas uniquement les treize Afghans identifiés à Genève, mais aussi d’autres personnes condamnées et dont la procédure de renvoi n'a pas encore abouti. Depuis la visite d’août, aucune nouvelle délégation afghane n’est venue en Suisse pour identifier ses ressortissants.

D’autres pays européens, comme l’Allemagne et l’Autriche, ont déjà repris les expulsions vers l’Afghanistan. Berlin est même allé plus loin, en autorisant la présence de deux agents consulaires afghans sur son territoire pour faciliter les vols de rapatriement.

La Suisse, de son côté, n’envisage pas une telle coopération, précise le SEM. Le service indique également n’avoir reçu aucune demande officielle en ce sens.

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