La ministre de la Santé vaudoise n'a pas la force de continuer. Alors que bon nombre de ses administrés sont dans la rue pour protester contre les coupes budgétaires, Rebecca Ruiz a convoqué la presse ce mercredi 26 novembre pour annoncer sa démission.
Le timing interroge, mais il en va de raisons de santé, pour celle qui a dû se résoudre à un arrêt maladie cet été en raison de sa dysautonomie. De quoi signer, sans doute, la fin de sa carrière politique… et interroger sur la suite pour le parti socialiste vaudois. Réponses à chaud, juste après l'annonce, avec le président du PS Vaud, Romain Pilloud.
Romain Pilloud, cette décision ne serait pas en lien avec les mobilisations actuelles selon Rebecca Ruiz. Mais ont-elles joué dans la balance, était-il trop difficile de se montrer collégiale dans cette situation?
Non, je ne crois pas. Par contre, ces mobilisations extrêmement fortes sont le symbole de la crise politique vaudoise. Une crise que Rebecca Ruiz a subie. Notons qu'elle sera encore en poste au moment des votes sur le budget. Donc aujourd'hui, c'est plutôt un hasard du calendrier. Annoncer cette décision aujourd'hui permet d'organiser une élection prochainement, pendant les élections communales de 2026. C'est surtout une question de fatigue. Malheureusement, malgré sa force politique, sa santé l'a rattrapée.
En tant que président du Parti socialiste vaudois, qu'est-ce qui vous marque dans son mandat?
Il y a notamment sa gestion de la période Covid, une crise sans commune mesure qu'elle a affrontée avec brio comme ministre de la Santé. Ou encore ce qu'elle fait pour accompagner le vieillissement de la population: des lits d'EMS, des projets pour et avec les personnes âgées. Il me paraît important de relever une mesure relative au pouvoir d'achat, l'augmentation des allocations familiales. Ces dernières années, cela a permis d'avoir jusqu'à 1500 francs de plus pour certaines familles. On pourrait encore parler de l'application de l'initiative sur les soins infirmiers, avec des mesures de compensation pour la pénibilité du travail et des bourses pour les personnes qui se forment.
Elle évoque un soutien sans faille de la direction du PS Vaud, mais a «pu observer quelques réserves de la part de membres du parti». Y a-t-il des vilains petits canards au sein de votre parti?
On a des vilains petits canards anonymes. Certains membres ont critiqué Rebecca Ruiz dans la presse sans qu'il y ait de débat à l'interne. Mais je pense que la base la soutient et l'a toujours soutenue. C'est le cas du côté de la direction, des députés au Grand Conseil, des conseillers nationaux et municipaux. Jusqu'à la fin de son mandat, cela ne changera pas.
L'Etat de Vaud est en pleine crise institutionnelle. Que doit faire le parti socialiste pour s'assurer d'accrocher le poste au Conseil d'Etat qui va se libérer?
C'est vrai qu'il va rester peu de temps entre l'élection complémentaire et l'élection ordinaire. Celui ou celle qui prendra sa place au Département de la santé et de l'action sociale devra poursuivre son travail… et il faudra que ce soit une personne de gauche. Il faudra soutenir les infirmières en formation, travailler à maintenir les subsides à l'assurance maladie. C'est important, car il y a quelques jours, Christelle Luisier a sous-entendu (ndlr: sur la RTS) qu'elle pourrait remettre en question ces subsides. C'est une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir. C'est pourquoi il faut que nous retrouvions une majorité de gauche en 2027.
Pour vous, à titre personnel, le Conseil d'Etat vaudois est un objectif?
Moi? Non, pas du tout (rires).
Si ce n'est pas vous, alors qui sont les papables?
On a entendu plusieurs noms dans la presse ces derniers temps, que je ne commente pas. On va d'abord prendre le temps de faire face à la situation. On réfléchira à l'interne à la personne la plus à même de reprendre ce siège, puis de conduire une nouvelle majorité. On donnera des nouvelles dans ces prochaines semaines.