Le Canton de Vaud aura un budget pour 2026. Après six séances et plus de 36 heures de discussions, le Grand Conseil a approuvé, ce mercredi 17 décembre, le budget d'Etat pour l'an prochain. Aucun parti ne s'est montré enthousiaste et le vote final a été serré.
Une majorité de 76 voix sur 150 était nécessaire. Aux alentours des 14h30, les parlementaires ont dit oui par 94 voix, contre 44 non et avec six abstentions. Il aura fallu un vote nominal pour récolter plus de 76 votes favorables (66 oui, 59 non et 19 abstentions au premier vote).
UDC et PLR finalement unis
La plupart des refus sont venus des rangs de la gauche radicale et du PS, avec quelques petites voix contre aussi du côté des Vert-e-s. Le PLR a finalement voté de manière compacte, de même que l'UDC, malgré quelques voix discordantes. Les Vert'libéraux ont dit oui à l'unanimité. Ensemble à Gauche & POP (EP) s'est largement opposé au budget.
Durant trois semaines, le bloc PLR-UDC, presque toujours suivi par les Vert'libéraux, aura réussi à faire barrage aux nombreuses propositions de la gauche, laquelle a notamment tenté en vain de limiter les coupes dans les secteurs de la santé et du social. Les communes auront, elles, été défendues et protégées par les parlementaires, évitant une coupe annuelle de 39 millions de francs.
«Pas une ligne d'arrivée»
La présidente du gouvernement Christelle Luisier avait appelé le législatif à «mettre l'accent sur ce qui nous rassemble plutôt que sur ce qui nous divise». Elle a plaidé pour le redressement financier «avec une vision commune, même si le chemin est complexe», et un retour à l'équilibre à l'horizon 2030.
«Ce budget n'est pas une ligne d'arrivée, mais un premier pas», a-t-elle déclaré. Elle a promis une «méthode de concertation plus poussée et avec une temporalité plus longue», avec des discussions avec tous les milieux et partenaires concernés dès janvier prochain.
Environ 300 millions de mesures d'économies entendent répondre aux 300 millions de francs de déficit. En somme, à l'issue de ces débats-marathon, le déficit budgétaire a pu être raboté de quelques millions de francs, mais dans l'ensemble peu de choses ont bougé. Pour rappel, le projet initial du budget du Conseil d'Etat prévoyait un déficit de 331 millions de francs, lequel intégrait 305 millions de mesures d'économies.
Deux mesures controversées retirées
La mesure la plus décriée du budget, la baisse de 0,7% du salaire des employés de l'Etat (décret sur la contribution de crise), avait été retirée vendredi par le Conseil d'Etat, soit l'équivalent de 24 millions de francs d'économies. Il avait également annoncé mettre entre parenthèses la suppression des décharges de fin de carrière des enseignants.
Les députés n'y sont donc pas revenus cette semaine. Ces deux mesures étaient vertement fustigées par les syndicats et étaient devenues le symbole de la colère des employés de la fonction publique défilant dans la rue.
S'agissant des 0,7%, le montant sera compensé par des mesures d'économies ciblées sur les ressources humaines. Le gouvernement a déjà évoqué le non-renouvellement automatique des postes au départ du titulaire et l'introduction d'un délai de carence de six mois à l'engagement sans prétériter les prestations essentielles.
Aucun retour positif
Avant le vote final, chaque groupe parlementaire a pris la parole et c'est peu dire que les critiques ont fusé contre ce budget 2026. Il a été qualifié pêle-mêle de «mauvais», «improvisé», «déséquilibré», «en sursis», «pas idéal», «sans dialogue», «sans concertation».
Les mots les plus durs ont été exprimés par la gauche radicale, l'UDC et le PS. Tout en étant critiques aussi, les chefs de groupe PLR et Vert'libéraux, respectivement Nicolas Suter et Jerome De Benedictis, ont, eux, semblé vouloir lancer un appel à l'apaisement et à un vote de raison.
«Voyez ça comme un sursis, alors même que vous avez manqué de vision et de courage, que vous avez failli à redresser la barre», a lancé au gouvernement Jérôme De Benedictis. Comme l'ensemble du camp bourgeois, Nicolas Suter a malgré tout critiqué le Conseil d'Etat pour avoir «cédé aux syndicats et à la pression de la rue» et «vexé des parlementaires de droite» avec le retrait des deux fameux décrets.
A gauche, on a fustigé «une droite qui déroule son plan d'austérité avec beaucoup de brutalité» (Vincent Keller, POP). PS et Vert-e-s ont dénoncé «un effort de crise mal réparti, inéquitable», reposant sur le dos des secteurs déjà les plus en difficultés.
Pour l'UDC enfin, «les institutions et la démocratie ressortent affaiblies de ces débats et des dérives des syndicats dans la rue», a affirmé son chef de groupe Cédric Weissert. Son collègue Fabrice Moscheni a renchéri: «La rue a gagné, le Canton a perdu».