Mais pas de panique
Une étude démontre que les enfants valaisans sont exposés aux pesticides

En 2023, le Service de la santé publique du canton du Valais avait mandaté l'Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH) afin de connaître l'impact d'une exposition aux pesticides chez les enfants. Les résultats se veulent plutôt rassurants.
Publié: 03.06.2025 à 12:14 heures
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Le Conseiller d'Etat Mathias Reynard est venu présenter mardi les résultats d'une étude ciblant les enfants, à Sion.(Photo d'archives)
Photo: ETIENNE BORNET
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ATS Agence télégraphique suisse

En 2023, le Service de la santé publique du canton du Valais avait mandaté l'Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH) afin de connaître l'impact d'une exposition aux pesticides chez les enfants. Les résultats se veulent plutôt rassurants.

L'étude visait à explorer l’association à court terme entre l’exposition aux pesticides et la santé respiratoire chez les élèves d’école primaire vivant à proximité de vignobles et de vergers. L’étude a distingué les effets de la pollution atmosphérique et du pollen, de ceux liés à l’exposition aux pesticides.

«Nous avons fait le choix de lancer une étude afin de répondre à des inquiétudes de longue date, notamment liées à des enquêtes journalistiques, relayées au niveau parlementaire tout en sachant que la situation n’est pas propre au Valais», a résumé, mardi en conférence de presse, le chef du Département de la santé, des affaires sociales et de la culture, Mathias Reynard.

Dans trois communes

L’étude a été effectuée auprès de 204 enfants de Chamoson, Salquenen et de Saxon scolarisés de 3H à 8H. La présence de 83 pesticides, dont 60% potentiellement irritants, a été recherchée. Trente-six d'entre eux ont été identifiés (14 en moyenne selon le moment de l’étude). Six pesticides et deux biomarqueurs urinaires ont ensuite été sélectionnés pour réaliser une analyse plus approfondie.

Les données ont été collectées au cours de quatre périodes d'évaluation entre janvier et juin 2024, dont une fois lors de la saison sans pulvérisation (janvier-février). L'opération a été réalisée grâce à des bracelets en silicone, des spiromètres ou de l’urine. Les parents ont dû remplir chaque début et fin de semaine un questionnaire sur les problèmes respiratoires.

Aucun symptôme grave

Aucune association n’a été relevée entre l’exposition des enfants aux pesticides et des symptômes tels que la toux ou des difficultés respiratoires. L’étude a démontré la baisse légère de certaines valeurs mesurées de la fonction pulmonaire, «mais ces corrélations étaient fluctuantes et dépendantes de la méthode statistique utilisée», précise l'étude. De légères baisses du niveau de la fonction pulmonaires ont été observées en présence de concentrations élevées de métalaxyl et de propiconazole.

Aucun symptôme grave n'a été détecté. Les pesticides pulvérisés à proximité du domicile des enfants constituent un facteur aggravant. La notion de la saisonnalité joue également un rôle.

Mesures existantes et nouvelles

Malgré des résultats «plutôt rassurants», le Conseil d’Etat valaisan a décidé de charger un groupe de travail interdépartemental de mettre en place en collaboration avec les acteurs concernés un plan d’action cantonal recensant les mesures existantes et d'autres qui pourraient voir le jour.

Au niveau agricole, la sensibilisation et la communication en matière de protection phytosanitaire ont été renforcées, ces dernières années, tout comme les contrôles. Enfin, la Loi cantonale sur l’agriculture a été révisée en 2024, afin de mieux régler les conflits d’usage entre zones agricoles et constructibles adjacentes.

En matière d’environnement, des ateliers de sensibilisation au bon usage des pesticides organisés pour la population existent depuis 2021.

Concilier, pas opposer

Pour le futur, le Conseil d’Etat valaisan mandate donc un groupe de travail interdépartemental. Celui-ci devra examiner certaines pistes comme une formation pour les utilisateurs de pesticides, un monitoring de l’utilisation de ceux-ci en lien avec les actions entreprises au niveau national, une meilleure information du grand public et la gestion de l'interface entre les zones d'habitat et celles cultivées.

«Les agriculteurs font leur travail au mieux avec les produits à leur disposition. Le but est de concilier agriculture et santé publique et non les opposer», a conclu Mathias Reynard.

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