Le nombre d'interventions de la police pour des violences domestiques a de nouveau augmenté l'an dernier dans le canton de Vaud. Entre 2023 et 2024, elles sont passées de 1582 à 1722, soit 9% de hausse. Le nombre d'infractions constatées lors de ces interventions est, lui aussi, en hausse de 3531 à 3943 (+12%).
La police intervient en moyenne cinq fois par jour à domicile et expulse la personne auteure des violences dans presque un cas sur trois, a résumé vendredi l'Etat de Vaud dans un communiqué en publiant le cinquième rapport de son Observatoire de la violence domestique. Les principales infractions enregistrées concernent les violences verbales et les voies de fait. Mais l'augmentation la plus marquée concerne les viols et les violences physiques.
S'agissant des viols, le pourcentage s'élève en 2024 à 61%, alors qu'il était de 52% en 2023, et en moyenne de 31% entre 2015 et 2022. Il est possible que ces augmentations soient en partie liées à l’entrée en vigueur du nouveau droit pénal en matière sexuelle le 1er juillet 2024, avec notamment une nouvelle définition du viol, relève le rapport publié par le Bureau de l'égalité entre les femmes et les hommes (BEFH).
Plus généralement, la hausse du nombre d'affaires peut être sinon mise en perspective avec l'augmentation de la population (+2% en moyenne entre 2022 et 2024), note aussi le rapport.
Entre partenaires et ex-partenaires
Comme chaque année, ce document rappelle qu'il s'agit de cas rapportés à la police. Il est ainsi «vraisemblable qu'un nombre indéterminé de cas de violence domestique ne soit pas annoncé à la police et n'entre ainsi pas dans cette statistique».
Près de 73% des violences domestiques surviennent entre partenaires et ex-partenaires. Ce pourcentage reste plutôt stable depuis 2015. Les femmes sont majoritairement enregistrées comme victimes des infractions reportées par la police dans le cadre de relations entre partenaires ou ex-partenaires: on y compte 1063 femmes victimes pour 399 hommes (en 2023, 1016 femmes victimes pour 353 hommes).
En 2024, quatre femmes ont perdu la vie en raison des violences exercées par leurs partenaires ou ex-partenaires. Il s'agit de la totalité des homicides commis sur le territoire cantonal. Le rapport indique aussi que 33% des affaires donnent lieu à une expulsion, soit une augmentation 10% par rapport à 2023. Ce pourcentage augmente progressivement depuis 2015.
Centres d'aide très sollicités
Concernant la prise en charge, les consultations pour violence domestique au Centre d'aide aux victimes (LAVI) ont très légèrement augmenté pour s'établir à 1318 (1303 l'an dernier). En matière d'hébergement, 186 femmes ont pu trouver refuge et assistance l'an passé sur les deux sites gérés par le Centre d'accueil MalleyPrairie (CMP) et 974 victimes y ont bénéficié d'un accompagnement.
Un chiffre en augmentation par rapport à la moyenne de 163 femmes hébergées annuellement de 2015 à 2023, souligne le rapport. Cette tendance peut s'expliquer par une meilleure connaissance du réseau de soutien, notamment grâce aux campagnes d'information et aux actions de sensibilisation cantonales, estime pour sa part le Canton.
A noter aussi que 73% des personnes avec une ordonnance d'expulsion se rendent à l’entretien socio-éducatif obligatoire. Ce pourcentage se situe dans la moyenne des années précédentes (2019 à 2023).
Enfin, pour les enfants exposés à la violence dans un couple parental, les chiffres restent toujours importants. La Direction générale de l'enfance et de la jeunesse (DGEJ) a recensé 689 signalements en 2024. C'est en augmentation par rapport à la moyenne annuelle de 591 signalements pour les années précédentes (2019 à 2023).