Les récentes statistiques des consultations via le numéro 147 de Pro Juventute interpellent: alors que les appels à l'aide pour des idées suicidaires, du harcèlement moral et des violences sexuelles sont en augmentation, une autre tendance à la hausse inquiète particulièrement la fondation: celle des violences au sein des familles.
L'année dernière, le service de consultation du 147 a ainsi reçu quatorze demandes par semaine concernant ce type de violence, contre neuf en 2023. Interrogée par Blick à ce sujet, la responsable politiques et médias de Pro Juventute, Anne-Florence Débois, a relevé que c'est une problématique qui persiste depuis la crise du Covid-19.
Les chiffres avancés par la fondation font écho aux récentes statistiques de la criminalité, qui montrent une hausse de 6% de la violence domestique au niveau suisse, et même de 11% dans le canton de Vaud.
Etudes sur les comportements punitifs
Des études sur les comportements punitifs dans l'éducation, menées par la fondation Protection de l'enfance suisse en collaboration avec l'Université de Fribourg, montrent également une augmentation préoccupante des violences psychologiques et physiques de la part des parents. L'an dernier, l'enquête a montré que 30% des parents blessent leurs enfants verbalement et 25% menacent de les frapper.
En Suisse, selon cette étude, 20% des enfants vivent régulièrement des expériences de violence psychologique. Protection de l'enfance suisse souligne que près d’un enfant sur trois a déjà été témoin de violence psychologique entre ses parents. «Le fait d’assister à des scènes de violence entre les parents peut aussi avoir un impact psychologique important sur les enfants», souligne la fondation, qui a répondu par e-mail à Blick.
La violence physique n'est pas en reste: en 2023, les résultats de l'enquête ont montré que près de 40% des parents interrogés avaient recours à la violence physique à la maison, dont 6% régulièrement. Un enfant sur cinq a reçu une tape sur les fesses, et un sur dix une gifle.
«Le recours à la violence physique et psychologique dans l’éducation peut avoir des effets dévastateurs sur l’éducation des enfants», avertit la fondation, qui liste les conséquences potentielles: lésions physiques, troubles cognitifs ou émotionnels, dommages psychiques tels que la dépression, les pensées suicidaires, l’alcoolisme ou la toxicomanie.
Réagir de manière appropriée
Les chiffres comparatifs de la dernière étude montrent que la fréquence de la violence physique est à nouveau en hausse depuis 2017. Les données précises seront publiées par Protection de l’enfance Suisse fin avril.
Quant aux causes de cette augmentation, la fondation évoque le stress et le surmenage. «Dans les situations de stress, les parents prennent souvent les choses plus à cœur et le comportement de l’enfant est facilement interprété comme une attaque personnelle», relève la fondation.
Comment lutter contre cette tendance? «Dans de tels cas, il est important de mettre en place des stratégies afin de réagir de manière appropriée, comme quitter brièvement la pièce, prendre l’air, respirer profondément ou compter jusqu’à dix.»