Fini la contribution de crise
Face à la grève, le Conseil d'Etat vaudois retire la contribution de crise

Face à la contestation et au blocage politique, le Conseil d'Etat vaudois revoit sa stratégie budgétaire. Il retire la contribution de crise sur les salaires publics et propose des alternatives d'économies. Le gouvernement appelle au dialogue et à l'apaisement social.
Le Conseil d'Etat vaudois a fait deux concessions majeures, mais veut maintenir ses économies.
Photo: keystone-sda.ch

Rebondissement dans le projet de budget 2026 de l'Etat de Vaud! Réuni en séance extraordinaire ce vendredi 12 décembre, le Conseil d'Etat vaudois annonce qu'il accorde deux concessions majeures à la fonction publique. Il retire la contribution de crise – 0,7% sur les salaires – et revient aussi sur la suppression des décharges de fin de carrière des enseignants.

La raison? La crise politique et les contestations des employés de la fonction publique et parapublique. Le gouvernement souhaite «favoriser l’adoption du budget 2026 dans les délais et restaurer un climat propice au dialogue et à l’apaisement institutionnel». Les sept membres du Conseil d'Etat disent vouloir «explorer une nouvelle voie», après que le Grand Conseil leur a renvoyé le budget à l'étude.

Premier axe de sa tentative: maintenir «sa volonté d’un budget qui respecte le petit équilibre et qui s’inscrit dans un plan de retour à l’équilibre budgétaire à l’horizon 2030». La mobilisation des fonctionnaires, qui a réuni à plusieurs reprises plus de 20'000 personnes dans les rues de Lausanne, a vraisemblablement fait son effet.

Vers des suppressions d'emplois?

Toutefois, le Conseil d'Etat indique que les 25 millions de francs qui n'entreront ainsi pas dans le budget 2026 en raison de l'abandon de la contribution de crise ne vont pas s'envoler. «Ce montant sera compensé par des mesures d’économies ciblées sur les ressources humaines, notamment par le non-renouvellement automatique des postes au départ du titulaire et l’introduction d’un délai de carence de 6 mois à l’engagement sans prétériter les prestations essentielles (par exemple : chaîne sécuritaire, médecins, infirmières, enseignants, etc.). Ces mesures feront l’objet d’un monitoring régulier auprès de la Commission des finances du Grand Conseil.» En somme, un certain nombre de postes à l'Etat de Vaud pourraient sauter.

La poursuite de la grève n'était en aucun cas souhaitée par le gouvernement. «Compte tenu des mesures prises, le Conseil d’Etat considère que les conditions de licéité de la grève ne sont plus remplies», communique l'Etat de Vaud vendredi en fin de journée. Le gouvernement annonce aussi vouloir négocier avec les syndicats. Il les invitera prochainement au dialogue, affirme-t-il.

Débat sur la licéité de la grève

Ces deux décrets retirés suffiront-ils à calmer la colère des syndicats et des manifestants? Les syndicats SSP, SUD et FSF pourraient se réunir rapidement afin d'apporter une réponse à cette communication du Conseil d'Etat. «On trouve curieux d’être informés de telles décisions par communiqué de presse, déplore le secrétaire syndical du SSP-Vaud Raphaël Ramuz. Cela montre à quel point le Conseil d’Etat entretient toujours un rapport unilatéral avec les organisations qui représentent les employés.» Interrogé par Blick, le représentant du syndicat des services publics et parapublics indique qu'il «conteste l’idée que la grève soit devenue illicite», car celle-ci «porte sur les conditions de travail et pas seulement sur les salaires.»

Le fait de considérer que les conditions de licéité de la grève ne sont plus remplies ne passe pas, auprès du syndicaliste. «Quand deux parties sont en conflit, l'une des deux parties ne peut décider toute seule de ce qui devient illicite. Si le Conseil d’Etat veut rendre la grève illicite, il doit demander à l'Organe de conciliation dans le secteur public de revenir sur sa décision», assène Raphaël Ramuz.

Du côté de Sébastien Cala, tête de file du Parti socialiste vaudois, (PS Vaud) au Grand Conseil, on «salue l'esprit d'ouverture du Conseil d'Etat et sa décision d'ouvrir des négociations, auxquelles nous appelions depuis longtemps.» Ce budget marathon va se jouer chez les députés, qui ont jusqu'à leur séacne du 17 décembre pour se prononcer. «Il s'agit maintenant de continuer le travail parlementaire, continue Sébastien Cala. Le PS Vaud ne manquera pas de faire des propositions afin d'arriver en 2026 avec un budget satisfaisant.» Quant à la licéité de la grève, il renvoie la balle entre les mains de l'organe de conciliation.

Christelle Luisier et les syndicats pas d'accord

Invitée dans l'émission Forum de la RTS, la présidente du gouvernement Christelle Luisier (PLR) a évoqué de possibles négociations «dès le début de l'année prochaine». Invité dans la même émission, David Gygax, secrétaire syndical au SSP-Vaud, s'est montré prudent par rapport au communiqué de presse du gouvernement. «On lâche d'une main mais on reprend d'une autre. C'est une opération blanche pour le Conseil d'Etat», réagi-t-il.

Il s'étonne surtout de la «position surprenante» sur la grève. C'est à l'Organe de conciliation dans le secteur public de trancher, selon lui. Il critique une «forme d'autoritarisme à nouveau» du gouvernement vaudois. L'appel à la grève de ce lundi 15 décembre est maintenu, affirme-t-il.

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