A Genève, le jeune qui a assassiné un Portugais de 22 ans dans un parking souterrain des Charmilles en 2019 voit sa peine confirmée en deuxième instance. La Chambre pénale d'appel et de révision le condamne à 16 ans de prison et à une mesure d'internement assortie d'un traitement ambulatoire.
L'appel du prévenu «est quasiment intégralement rejeté», indique la Chambre pénale d'appel et de révision dans un arrêt du 8 décembre rendu public vendredi. Les juges ont réduit de dix mois la peine de prison fixée par le Tribunal criminel en 2024, en raison de la violation du principe de célérité. Le procès en première instance avait eu lieu plus de cinq ans après les faits.
Les juges de deuxième instance relèvent, eux aussi, qu'ils ne peuvent pas infliger une peine de prison de plus de 20 ans. Or le prévenu a été condamné à 38 mois de prison par le Tribunal des mineurs en 2021, pour son implication dans le violent tabassage en bande de deux inconnus à St-Jean en janvier 2017. Deux ans plus tard, alors qu'il était tout juste majeur, il tuait un jeune d'un coup de couteau au coeur.
«Absence de scrupules»
Alors que la défense plaidait le meurtre par dol éventuel, la Cour d'appel retient l'assassinat. Même s'il n'a pas prémédité son geste, il s'en est pris «sans avertissement» à une personne qu'il ne connaissait pas, qui venait vers lui «sans agressivité» pour «tenter de calmer les choses durant la bagarre» avec un des cinq jeunes qui rentraient d'une soirée festive le 19 janvier 2019, au petit matin.
A un mobile «inexistant» et un but «odieux» s'ajoute le comportement du prévenu après les faits. Il a entravé «toute tentative d'appel aux secours par les personnes présentes», a revendiqué son geste en «se plaçant en caïd du quartier», s'est offert un petit déjeuner après s'être débarrassé du cran d'arrêt et avant de prendre la fuite en France.
«Espoir de guérison»
Le jeune désormais âgé de 25 ans a donc tué «avec une absence particulière de scrupules», soulignent les juges. Ceux-ci relèvent que les faits de 2019 «se sont déroulés alors qu'il était encore sous mesures de substitutions, qu'il n'a pas respectées», qu'il «était suivi par un psychothérapeute et un éducateur» et qu'il était «en passe d'être jugé pour des faits graves», à savoir ceux de 2017.
Au vu de sa dangerosité, de son trouble de la personnalité dyssociale de gravité élevée et du risque de récidive, la cour confirme aussi la mesure d'internement visée par l'appel. Et de souligner que cette mesure ne s'apparente pas «à une mise à l'écart définitive» et qu'elle n'exclut pas «tout espoir de guérison», comme le dénonçait la défense.