Deux députés fribourgeois de l'Union démocratique du centre (UDC) ont provoqué une controverse avec une intervention parlementaire. Achim Schneuwly et Bruno Riedo ont en effet demandé au Conseil d'Etat d'examiner la possibilité de mettre en place une navette réservée aux requérants d'asile, rapporte le média «Freiburger Nachrichten».
Le débat est lié au Centre federal pour requérants d'asile installé à la Guglera, sur la commune de Chevrilles (FR). Depuis son ouverture, la ligne de bus qui dessert le site enregistrerait un afflux particulièrement important de passagers. Selon l'intervention, signée par près d'un tiers des membres du Parlement cantonal, des agents de Securitas sont régulièrement présents à l'arrêt pour des raisons de sécurité. Achim Schneuwly et Bruno Riedo affirment que des habitants leur ont fait part de «divers incidents» survenus sur cette ligne.
Les deux députés souhaitent que le canton étudie l'idée d'une navette reliant le centre à la ville de Fribourg, avec quelques allers-retours quotidiens pour aller chercher les requérants d'asile et circuler dans les deux sens. «Nous pensons que deux ou trois trajets dans les deux sens seraient judicieux». Ils estiment qu'un tel système pourrait réduire les coûts, garantir la sécurité des autres usagers sur les lignes régulières et éviter aux chauffeurs d'être confrontés à des «situations éprouvantes».
«Ni approprié ni nécessaire»
Le Conseil d'Etat fribourgeois a toutefois rejeté cette demande. S'il a dit comprendre les inquiétudes, il a rappelé que la gestion du centre relèvait du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), comme le souligne la réponse signée par le conseiller d'Etat Philippe Demierre.
Interdire les bus publics aux requérants d'asile est de toute manière exclu. «Une interdiction générale d'accès contreviendrait non seulement au principe constitutionnel d'égalité et à l'interdiction de discrimination, mais aussi à l'obligation de transport.»
Le SEM n'envisage des navettes que lorsque l'accès à un site est vraiment difficile. A Chevrilles, le centre se trouve à seulement dix à quinze minutes de trajet. Le Conseil d'Etat a également souligné qu'aucune hausse notable des problèmes de sécurité n'avait été observée sur la ligne concernée. Elle ne génèrerait pas plus de plaintes que les autres lignes du réseau.
Depuis l'ouverture du centre fédéral pour requérants d'asile en 2018, il n'y aurait eu que douze plaintes de passagers. La proposition des députés n'est «ni opportune ni nécessaire au vu de la situation sécuritaire, du nombre de plaintes recensées et des besoins actuels».