Il fait chaud, très chaud à Lausanne. Ce dimanche soir dès 22h, des scènes de violences urbaines ont émaillé le quartier de Prélaz, constate Blick, qui suit les événements sur place. Plusieurs conteneurs ont été placés au milieu de la route avant d'être incendiés.
Un bus des transports publics a été complètement saccagé. À l'heure où ces lignes sont écrites, plusieurs dizaines de jeunes – dont certains ont le visage masqué – sont toujours sur place. Face à eux, à une centaine de mètres, des agents de police en tenue antiémeute.
Lausanne s'embrase contre la police
La raison de cette explosion de rage? Dans la nuit de samedi à dimanche, un adolescent est décédé à Lausanne après avoir perdu le contrôle de son scooter alors qu’il tentait d’échapper à la police. Depuis, la tension monte, non loin de la rue où il a tragiquement trouvé la mort, là où des personnes sont venues déposer des fleurs plus tôt dans la journée pour lui rendre hommage. Un jeune cagoulé nous lance, en désignant la police: «Ils l’ont tué, et en plus ils ont menti». A ses côtés, plusieurs autres nous indiquent s'être donnés rendez-vous pour manifester leur colère.
Contactée dans la soirée, la police de la capitale vaudoise confirme qu’«il y a eu des manifestations», mais précise qu’aucune revendication n’a été formulée pour l’heure. Les forces de l’ordre disent ne pas être en mesure d’expliquer les raisons exactes de ces débordements. «C'est à cause de la mort de notre pote», confirment plusieurs jeunes cagoulés à Blick.
L'Etat de Vaud communique dans l'urgence
Plus tard, l'Etat de Vaud a réagi par un communiqué de presse intitulé «Manifestations et émeutes en villes de Lausanne». Il y est écrit que de dès 21h30, «une centaine de jeunes, cagoulés, se sont rassemblés dans le quartier de Prélaz, principalement sur l’avenue de Morges». Les autorités admettent que ces jeunes ont déclenché cette colère «probablement après avoir pris connaissance du décès du jeune mineur au guidon d’un scooter».
Le communiqué s'inquiète que «ces individus» auraient «fait usage d’engins pyrotechniques de type mortier en direction des policiers engagés». Les polices cantonale et municipale – avec l'appui de polices communales – indiquent avoir «engagé plusieurs groupes de maintien de l’ordre afin de rétablir la situation». Vers 23h30, les opérations de police sont toujours en cours. Des pompiers professionnels sont sur place pour éteindre les différents foyers.
A minuit, retour au calme relatif
Selon plusieurs témoins, la police a fait usage de spray au poivre et de balles en caoutchouc pour disperser les émeutiers. A minuit, la tension à Prélaz semble être redescendue d'un cran. A l'intersection entre l'Avenue Recordon et l'Avenue de Morges, se trouvent encore une poignée d'agents armés de boucliers et de bâtons tonfa. Une fourgonnette, deux voitures de police, un camion et une voiture de pompiers barrent l'accès, notamment au chemin de Renens.
Au mégaphone, vers 23h30, la police a émis son «dernier avertissement»: toute personne encore sur place pouvait être arrêtée. La foule de plus d'une centaine de personnes – mêlant jeunes et habitants du quartier – s’est repliée plus bas dans la rue. De quoi faire remonter les tensions. De nouvelles poubelles ont été incendiées et plusieurs tags inscrits. Et la police a procédé à plusieurs tirs de balles en caoutchouc, faisant courir le monde vers le bas de la rue.
Un fait marquant: une cinquantaine de jeunes ont pris en chasse un homme, aux cris de «C’est un facho!» Celui-ci a, semble-t-il, réussi à s’enfuir rapidement. Peu à peu, les incendies ont été maîtrisés et le calme est revenu. Ne subsistent désormais que quelques petits groupes de jeunes dispersés et des policiers stationnés au milieu de la route, toujours bloquée à cause du bus incendié.
Dans le quartier de Prélaz, les débris de verre jonchent le sol et bon nombre de containers à poubelle sont retournés. Les forces de l'ordre semblent déterminées à apaiser la situation, quitte à fermer les yeux sur quelques délits. En témoigne ce jeune homme, qui vient de passer, sans casque et à scooter, sous nos yeux et ceux des agents mobilisés à l'avenue de Morges... sans être inquiété.