Dans les établissements de santé zurichois, il y a des patients qui ne veulent pas être pris en charge par du personnel à la peau foncée. C'est ce qu'a récemment affirmé à la «NZZ» le délégué à l'intégration de la Ville, Christof Meier. Selon lui, le racisme est monnaie courante dans le milieu de la santé. Les employés comme les personnes soignées sont concernés.
D'une façon plus générale, plusieurs corps de police ont fait état ces derniers temps d'incidents discriminants ou à caractère raciste. Le registre national du racisme et les statistiques des services de médiation montrent que la plupart des cas sont signalés dans les professions où les contacts humains sont fréquents, comme la police, ainsi que les domaines de la vente et de la santé.
Une forte hausse de cas
Dans le secteur de la santé, il y a eu 46 signalements en 2024 – en nette augmentation par rapport à 2023. Une hausse généralisée qui touche d'autres secteurs, explique Giulia Reimann de la Commission fédérale contre le racisme. Cela s'explique d'une part par une «plus forte polarisation de la société», mais aussi par une plus grande sensibilité à ces sujets, conduisant à un plus grand nombre de signalements. Giulia Reimann souligne toutefois qu'il existe toujours un nombre considérable de cas passés sous silence.
Le phénomène serait particulièrement élevé dans les hôpitaux et les institutions de soins, «parce que les questions de santé touchent fortement à la sphère privée des personnes et que les contacts humains sont particulièrement importants». Selon Giulia Reimann, cela concerne aussi bien le personnel que les personnes soignées. Les personnes noires et musulmanes sont particulièrement touchées.
Des soignants «pas assez suisses»
Dans une étude sur le racisme structurel, le Service national de lutte contre le racisme (SLR) avait constaté que le personnel médical, guidé par des biais racistes, estime plus souvent – à tort – qu'une douleur est exagérée, voire simulée, chez les patients qui ne maîtrisaient pas suffisamment la langue locale. Un pseudo-diagnostic qui serait posé plus souvent que la moyenne chez les personnes migrantes.
L'Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) confirme que la langue joue un rôle crucial lors d'incidents discriminatoires. Le secteur de la santé comprend un grand nombre de professionnels étrangers, ce qui peut entraîner des «tensions culturelles» dans les interactions avec les patients, explique l'ASI.
«Il y a des patients qui ne veulent pas être soignés par des infirmières et infirmiers qui ne parlent ou ne comprennent pas le dialecte.» D'autres sont dérangés par le fait que le personnel n'a pas l'air «assez suisse» à leurs yeux, indique l'ASI. Les actes racistes sont généralement dirigés contre les employés «qui sont présents et qui sont perçus comme des étrangers».
Les hôpitaux et les EMS prennent des mesures
D'un autre côté, des études révèlent que les médecins et infirmières à la peau foncée sont victimes de préjugés racistes qui remettent en cause leurs compétences. Ils subissent des discriminations non seulement de la part des patients, mais aussi au sein de leurs équipes.
Face à ce constat, la plupart des hôpitaux et des EMS ont élaboré des lignes directrices dans l'objectif de promouvoir la tolérance et prévenir le racisme. A Lausanne, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a créé un service d'accueil pour les employés, tandis que les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) disposent d'une hotline pour les cas de harcèlement et de discrimination.
L'Hôpital municipal de Zurich, qui compte plusieurs sites, encourage ses collaborateurs à signaler tout type de harcèlement et d'agression, explique la porte-parole, Maria Rodriguez. Cela peut concerner tant bien une personne qui a été victime de discrimination ou de racisme, ou une personne qui a pu en être témoin. La plupart des incidents concernent des patients qui ont des comportements discriminatoires avec les employés. «L'hôpital municipal de Zurich applique une tolérance zéro à cet égard», affirme Maria Rodriguez.
Une constellation difficile
Les institutions sont confrontées à des difficultés, même si elles luttent activement contre la discrimination. Car retirer des employés perturberait le bon fonctionnement de l'institution, tandis que les exposer à des personnes racistes est à la fois irréalisable et dégradant pour le personnel concerné.
«Lorsqu’il y a des cas de discrimination, les institutions et leurs cadres doivent intervenir», affirme Christof Meier. Ces dernières années, hôpitaux et EMS ont mis en place des structures pour prévenir et combattre le racisme: des points de contact, des plateformes de signalement, des formations et un accompagnement des équipes face aux cas de racisme. Et d'ajouter: «Il est encourageant que la grande diversité de notre société soit aujourd'hui largement acceptée.»