«Ils avaient la peau sur les os»
Avant le scandale des 120 chiens à Ramiswil, elle avait maltraité 90 chevaux à Fribourg

Après le scandale de maltraitance animale à Ramiswil (SO), la suspecte aurait aussi sévi à Fribourg. La militante Anouk Thibaud déplore le manque de communication entre les cantons. Elle appelle à une meilleure coopération afin de stopper la maltraitance au plus vite.
Publié: 14:37 heures
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Dernière mise à jour: il y a 4 minutes
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La propriétaire d'animaux Lucia T. est connue pour avoir abandonné ses 90 chevaux en 2023.
Photo: Capture d'écran
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Martin Meul et Qendresa Llugiqi

Anouk Thibaud est profondément troublée. La fondatrice du Refuge de Darwyn, association de secours pour les chevaux en Suisse romande, déclare: «La coopération entre les cantons en matière de protection animale est tout simplement mauvaise.» Anouk Thibaud déplore les incidents choquants survenus dans une ferme à Ramiswil, dans le canton de Soleure, qui ont secoué la Suisse ces derniers jours. «Il suffit de changer de canton et il n'y a plus aucun problème», déclare la quinquagénaire, faisant allusion à la propriétaire des animaux, Lucia T*.

La nouvelle a choqué la Suisse: environ 120 chiens ont été abattus dans une ferme de Ramiswil. Les animaux avaient été si maltraités que c'était la seule chose à faire, selon les autorités. De plus, 43 chevaux ont été saisis et ils se portent bien, compte tenu des circonstances. Mais ce n'est pas la première fois que Lucia T. s'en prend à des chevaux.

L'experte en santé animale s'est fait remarquer pour la première fois en 2023, en Suisse romande, comme l'a rapporté «La Liberté». «En 2023, nous avons reçu un signalement concernant un agriculteur de Sorens, près de Fribourg, qui avait recueilli 90 chevaux auprès de Lucia T», rapporte Anouk Thibaud. Lucia T. avait promis de payer l'agriculteur pour qu'il s'occupe des animaux, mais ne lui a jamais versé l'argent. «L'agriculteur était complètement dépassé par le nombre de chevaux et avait à peine de quoi les nourrir.» Son avocat confirme que Lucia T. doit toujours à l'agriculteur environ 800'000 francs. 

Les animaux n'avaient plus que la peau sur les os.
Photo: Anouk Thibaud / Refuge Darwyn

Conséquence: les chevaux étaient dans un état déplorable; ils n'avaient plus que la peau sur les os lorsque Anouk Thibaud a inspecté les lieux. «Nous avons immédiatement signalé la situation au service vétérinaire de Fribourg, car les chevaux étaient dans un état catastrophique», explique-t-elle. Blick a obtenu une copie du rapport. 

«C'est inadmissible»

Au départ, le service vétérinaire de Fribourg a refusé de prendre en charge l'affaire. «Ils nous ont dit qu'il y avait un problème entre l'agriculteur et Lucia T. C'est un comportement étrange», déplore Anouk. Mais elle ne lâche pas l'affaire et insiste pour que les autorités s'occupent des chevaux. «Puis, soudain, ils ont dit: 'Nous avons ouvert un dossier, nous allons exiger la vente des animaux pour réduire leur nombre.' Je ne sais pas s'ils l'ont fait», explique la militante pour la cause animale.

Les autorités n'ont manifestement pas pris de mesures adéquates.
Photo: Anouk Thibaud / Refuge Darwyn

D'après Anouk Thibaud, Lucia T. a ensuite récupéré les chevaux elle-même et les a répartis ailleurs, on ne sait pas comment. «Nous savons que dix chevaux se sont retrouvés dans une ferme en France. Mais même là, Lucia T. n'a pas payé leur pension.» Anouk ignore si les animaux actuellement saisis dans le canton de Soleure font partie des chevaux qui se trouvaient à Sorens à l'automne 2023.

Pour Anouk Thibaud, cette affaire illustre le manque de coopération intercantonale en matière de protection animale. «A Fribourg, des chevaux ont été négligés, mais dans le canton de Soleure, on ignorait apparemment tout du passé de Lucia», déplore Anouk. «C’est inadmissible!» Elle réclame donc une liste noire nationale des propriétaires d'animaux peu scrupuleux. «Si une telle liste existait, le sort tragique de ces 120 chiens aurait probablement pu être évité.» Au moment de la publication, Blick a demandé des explications au service vétérinaire cantonal de Fribourg concernant ces incidents, lequel n'a toujours pas répondu. Lucia T. n'a pas répondu non plus à sollicitations.

La demande d'Anouk Thibaud est aussi soutenue par l'Association suisse de protection des animaux (STS). «La Suisse a besoin d'un système étroitement interconnecté d'acteurs étatiques et non étatiques pour améliorer la protection et le bien-être des animaux. Les services vétérinaires cantonaux doivent disposer de personnel et de financements suffisants pour remplir efficacement leurs missions», déclare Simon Hubacher, porte-parole de l'association. Or, ce n'est pas le cas dans tous les cantons. «En plus, il y a un manque de coordination», ajoute Simon Hubacher. 

* Nom d'emprunt

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