Le géant suisse de l'agro-alimentaire Nestlé a annoncé lundi le licenciement avec effet immédiat de son directeur général Laurent Freixe, pour cause de «relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe». «C'était une décision nécessaire. Les valeurs de Nestlé et une bonne gouvernance constituent les fondations solides de notre entreprise. Je remercie Laurent pour ses années de service», a déclaré dans un communiqué le président du conseil d'administration Paul Bulcke.
Le Français Laurent Freixe avait été nommé directeur général en septembre 2024 de ce groupe propriétaire de plus de 2000 marques, dont les dosettes de café Nespresso ou les barres chocolatées KitKat. La multinationale a précisé que son licenciement faisait suite à une enquête ayant mis en lumière cette «relation amoureuse non déclarée», qui constitue «une infraction au code de bonne conduite professionnelle de Nestlé».
«Conformément aux bonnes pratiques de gouvernance d'entreprise, le conseil d'administration a ordonné qu'une enquête soit menée, supervisée par Paul Bulcke (...) et Pablo Isla, Lead Independent Director, avec le soutien de conseillers juridiques externes indépendants», ajoute l'entreprise. Embauché par Nestlé en France en 1986, Laurent Freixe avait dirigé l'activité européenne pendant la crise financière de 2008, poste occupé jusqu'en 2014, puis la division Amérique latine avant d'être promu directeur général en septembre 2024.
Un Suisse succèdera à Laurent Freixe
Le communiqué annonce son remplacement par le Suisse Philipp Navratil, patron de Nespresso depuis juillet 2024, qui avait ensuite intégré le conseil d'administration en janvier 2025. Fin juillet, le géant suisse avait maintenu ses prévisions pour 2025 malgré les incertitudes macroéconomiques, entre l'environnement déflationniste en Chine qui a freiné ses ventes au premier semestre et un climat de consommation fragile sur le continent américain.
Au premier semestre, son bénéfice net a chuté de 10,3% à 5,4 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires en repli de 1,8%, en-deçà des prévisions. Il avait également annoncé le lancement d'un examen stratégique de ses activités de vitamines et compléments alimentaires, précisant qu'il progressait dans l'évaluation stratégique de ses eaux en bouteille, secouées par un scandale en France et en Suisse autour de procédés de micro-filtration interdits pour les eaux minérales.
Longue série de scandales chez les géants
Nestlé n'est pas la première multinationale à prendre une telle décision. En septembre 2023, c'était Bernard Looney, directeur général de BP, une des majors du pétrole, qui avait démissionné, accusé d'avoir dissimulé des «relations personnelles» avec plusieurs collègues. D'autres grands patrons avaient été avant lui contraints à la démission pour des raisons similaires.
En mai 2021, le Wall Street Journal écrivait que le départ de Bill Gates du géant du logiciel Microsoft, en mars 2020, serait lié à une relation jugée «inappropriée» avec une employée au début des années 2000. Le cofondateur de Microsoft avait de son côté affirmé quitter le conseil d'administration pour se consacrer pleinement à sa fondation.
En novembre 2019, c'était McDonald's qui avait contraint son directeur général Steve Easterbrook à quitter l'entreprise, à la suite d'une liaison avec un ou une salariée, certes «consentie», mais contraire aux règles de l'entreprise. Un an plus tard, le géant du fast-food avait décidé de le poursuivre pour récupérer les dizaines de millions de dollars d'indemnités de licenciement versés.
La chaîne de fast food avait accusé son ancien dirigeant d'avoir caché d'autres liaisons, notamment des relations sexuelles avec trois autres membres du personnel. En décembre 2021 il avait accepté de rendre à l'entreprise plus de 105 millions de dollars d'indemnités de licenciement. En juin, Nestlé avait informé que son conseil d'administration proposera son vice-président, Pablo Isla, à la présidence lors de l'Assemblée générale d'avril 2026. Il pourrait ainsi remplacer Paul Bulcke, en place depuis près de neuf ans.