Le conseiller fédéral Beat Jans veut expulser les criminels afghans – mais les talibans lui ont mis des bâtons dans les roues. Une tentative d'expulsion a échoué en décembre 2024. Bien qu'un Afghan condamné ait pris un vol Zurich-Kaboul via Istanbul, les talibans l'ont empêché d'entrer dans le pays et l'homme est revenu en Suisse. Depuis, aucune expulsion n'a eu lieu.
Les négociations menées par la Suisse avec le régime taliban portent aujourd'hui leurs fruits. La Suisse peut à nouveau expulser vers l'Afghanistan. «Fin octobre, un Afghan condamné a été renvoyé à Kaboul», confirme Hendrick Krauskopf, chef de la division internationale du Secrétariat d'État aux migrations (SEM). Au total, la Suisse a renvoyé six criminels afghans: cinq l'an dernier et un récemment.
Le fait que les talibans autorisent le retour des ressortissants afghans condamnés est un succès pour le SEM. En août, le Secrétariat a invité quatre représentants talibans à Genève, prenant en charge leurs frais de transport, d'hôtel et autres dépenses. L'objectif de ce déplacement était d'organiser de futures expulsions. Selon le SEM, près de 20 ressortissants afghans condamnés doivent quitter la Suisse. «Treize d'entre eux ont été identifiés par les autorités afghanes de facto lors de leur visite en août», confirme Hendrick Krauskopf.
D'autres rapatriements devraient suivre
Quelle contrepartie les talibans voulaient-ils en échange de l'autorisation d'entrée des criminels sur leur territoire? «Il n'y a pas eu de contrepartie», souligne le chef du SEM. «Les talibans ont intérêt à assurer des services consulaires pour que les ressortissants afghans qui souhaitent ou doivent rentrer dans leur pays puissent le faire depuis l'étranger. Les discussions ont abouti à la conclusion qu'il est dans le meilleur intérêt des personnes sans droit de séjour en Suisse de pouvoir rentrer dans leur pays, qu'elles le fassent volontairement ou non.»
Hendrick Krauskopf s'attend à ce que les douze criminels déjà identifiés par Kaboul quittent bientôt la Suisse. On ignore encore quand les autres criminels afghans pourront être identifiés et expulsés. A ce jour, le Secrétariat d'Etat aux migrations ne sait pas pourquoi l'expulsion a échoué en décembre dernier: le délinquant se trouve toujours en Suisse.
Le SEM examine les renvois de criminels syriens
Lorsque Kaboul est tombée aux mains des talibans, la Suisse – après l'Allemagne – a été le deuxième pays d'Europe à procéder à des renvois vers l'Afghanistan. «Les expulsions sont généralement des opérations complexes impliquant de nombreux partenaires», explique Hendrick Krauskopf. «Cette coopération doit être menée avec soin et précision, faute de quoi les opérations échoueront ou les futures opérations seront compromises.»
Parallèlement, le Secrétariat d'Etat aux migrations examine la question du rapatriement des criminels syriens. L'Autriche a déjà expulsé un criminel vers la Syrie en juillet, tandis qu'un tribunal a bloqué toute autre expulsion. Qu'en est-il de la Suisse? «Pour les criminels syriens ayant reçu un ordre de quitter le territoire, l'expulsion est possible sous certaines conditions», explique le chef du SEM. «Nous étudions en permanence toutes les options pour procéder aux renvois.»