Une couronne, beaucoup de gloire et même le rêve d'une carrière. Depuis des décennies, l’univers scintillant des concours de beauté fascine le monde entier. Mais que se passe-t-il en coulisses?
«Beaucoup de choses laides», confie une source interne à Blick au sortir l’élection de Miss Universe Switzerland, samedi 28 septembre. L’événement, qui se veut autant une célébration de la beauté extérieure que des valeurs intérieures, est aujourd’hui au cœur de lourdes accusations.
La Tessinoise Naima Acosta a été couronnée à Berne. Et ce, «malgré une dentition imparfaite» qu'elle devra corriger prochainement, selon des prop0s de l'animateur de la soirée, que Blick est en mesure de rapporter.
La lauréate 2024 sur le carreau
Mais cette révélation est presque anodine au regard des autres témoignages qui émergent aujourd'hui. En effet, les tensions avec l’organisation seraient de mise depuis longtemps, mêlant argent, chirurgie esthétique et rancunes personnelles. Ce qui est certain, c'est que samedi, Naima Acosta n’a pas été sacrée par sa prédécesseure Laura Bircher. «J’ai été écartée au dernier moment samedi», affirme la lauréate 2024.
Selon Lina Poffet, la présidente de l'organisation du concours, Laura Bircher n’aurait pas porté la robe officielle lors de la finale mondiale en novembre dernier au Mexique, ce qui aurait suffi, à lui seul, à justifier sa mise à l’écart. Blick a pu consulter d’autres documents faisant état d'accusations de l’organisation à l’encontre de l’ancienne lauréate.
Des candidates sommée de se faire opérer
Rey Rodríguez, l'animateur du concours, travaille avec l’organisation et sa présidente depuis plusieurs années. «Chaque candidate sait que, si elle gagne, elle doit être prête à améliorer son sourire, ses dents, son nez ou son menton – parfois même par la chirurgie – et, bien sûr, à changer de coiffure», écrit-il à Blick.
Lorena Santen, Miss Universe Switzerland 2023, confirme: «On m’a effectivement suggéré cela, surtout juste après ma victoire, et on m'a recommandé divers ajustements, parfois chirurgicaux, comme pour les dents et le nez.» On lui aurait aussi «clairement fait comprendre qu’elle devait perdre du poids et modifier sa chevelure».
L'ancienne lauréate affirme toutefois s’y être opposée dès le départ. «Cela demande beaucoup de courage et de force, surtout quand on est une jeune femme qui fait confiance aveuglément à l’organisation», souligne-t-elle.
L'organisation conteste les accusations
Interrogée sur ces pratiques présumées, Ursula Knecht, propriétaire de l’agence zurichoise de mannequinat Option et organisatrice du concours «Elite Model Look Switzerland», s'insurge: «Si les candidates doivent accepter de modifier leur apparence en cas de victoire, voire de faire recours à la chirurgie, c’est profondément inhumain.»
Pour elle, de telles exigences dénature l'essence même de la beauté: «Le concept ne tient plus. Chacun doit pouvoir s’améliorer comme il le souhaite, mais toujours librement, jamais sous la contrainte.»
La cheffe de l’organisation, Lina Poffet, conteste fermement ces accusations. «Ce n’est pas la politique de Miss Universe Switzerland. Rien de tel ne figure dans le contrat: nous n’imposons à personne des opérations chirurgicales», martèle-t-elle. Elle réfute également toute contrainte: «Chaque candidate prend ses propres décisions, comme dans la vie courante. Nous valorisons et encourageons la diversité, laquelle reflète notre société.»
Frais de participation de 2900 francs
Selon les informations de Blick, chaque candidate doit en outre mettre la main à la poche pour pouvoir participer au concours. L'organisation de Miss Univers Switzerland le confirme: «Oui, chaque participante a déboursé 2900 francs, car le concours ne se limite pas à la soirée finale: il s’agit d’un processus de cinq mois, avec des masterclasses et des ateliers – par exemple sur le maquillage ou l’entraînement au défilé.»
Les candidates bénéficieraient aussi de formations en matière d'innovation, de communication et de présence scénique. Des experts leur enseigneraient même l’usage de l’intelligence artificielle. «Il s'agit de spécialistes qui factureraient normalement des honoraires très élevés pour des cours privés», précise Lina Poffet.
Les candidates ont par ailleurs passé une semaine de préparation et d’entraînement lors d'un camp à Tenerife, avec vols, hôtel et repas compris. Une mascarade? Assurément, estiment certaines personnes du milieu.
Epuisement, faim et soif
«Une taxe d’inscription me paraît extrêmement discutable. Le tout devrait être couvert par des sponsors, certainement pas par les candidates elles-mêmes», estime la directrice d'agence Ursula Knecht. Vingt et une jeunes femmes s’étaient inscrites cette année, mais seules dix-huit sont montées sur scène lors de la finale, pour diverses raisons.
Aux frais s’ajoutent les émotions... et les critiques en ligne de certaines protagonistes. Sur Instagram, Marion, candidate au concours cette année, s'indigne: «Des répétitions jusqu’à 3 heures du matin, lever à 6 heures, des heures d’attente sans nourriture ni eau et, malgré la faim et l’épuisement, des défilés sur scène… ce parcours nous a mises à rude épreuve bien plus qu’on ne l’imagine.»
Quant à Valeria, 22 ans, elle dit avoir préféré se retirer avant l’élection. Dans un message publié sur les réseaux sociaux et transmis à Blick, elle explique: «J’ai compris que je ne pouvais pas adhérer pleinement au déroulement ni aux conditions. Le respect et une communication ouverte sont pour moi des valeurs fondamentales, indépendamment du spectacle.»