Migros est parvenue à arracher un accord provisoire avec le célèbre chocolat Lindt. Pour le reste, le géant orange campe sur ses positions, au risque d'irriter bon nombre de marques.
Un simple coup d’œil aux rayons en atteste: plusieurs articles de grandes marques ont disparu, laissant des étagères partiellement vides. Les céréales Kellogg’s ne sont disponibles qu’en quantités limitées. Même constat pour la lessive Perwoll et pour divers produits de cosmétique.
La situation est délicate, tant pour Migros que pour les grandes marques concernées. Ce sont toutefois les clients qui en pâtissent le plus: à l’approche de Noël, ils doivent faire une croix sur plusieurs produits phares du catalogue proposé par Migros.
Migros rejette la faute sur les marques
Selon une enquête des journaux de CH Media, de nouvelles marques sont concernées. C'est notamment le cas des chocolats Toblerone (du groupe américain Mondelez), des sodas Pepsi, de la mayonnaise Thomy (de Nestlé), du thon Rio Mare (de l’italien Bolton) ou encore des lessives Perwoll (du groupe allemand Henkel).
Les débats houleux sur les prix entre distributeurs et fabricants sont monnaie courante. Mais le signal envoyé cette fois par Migros semble inhabituellement sévère.
Et pour cause. Le géant orange a décidé de ne plus renouveler les stocks de ses best-sellers tant que les producteurs n’auront pas accepté ses exigences en matière de prix d’achat. En interne, le patron de Migros Mario Irminger justifie cette stratégie par une forte hausse des coûts d’approvisionnement qu’il juge «incompréhensible».
Selon Migros, plusieurs multinationales auraient imposé à plusieurs reprises des marges plus élevées ces deux dernières années. Elles chercheraient aujourd'hui à obtenir de nouvelles augmentations.
Coop réagit plus habilement
Si les rayons se vident à un tel point maintenant, c’est aussi pour une autre raison. «Jusqu’ici, Migros pouvait encore s’appuyer sur ses stocks. Ils semblent désormais épuisés», explique à Blick le dirigeant d’une grande marque actuellement en négociation avec le géant orange. Le responsable souhaite rester anonyme.
Selon lui, le bras de fer sur les prix d’achat a commencé il y a plusieurs mois. «Désormais, les clients en ressentent les effets. » Il s’attend à ce que les ruptures de stock s’étendent jusqu’au début de l’année prochaine et même à ce qu'elles se prennent davantage d'ampleur d'ici là.
Selon cette même source, Coop gère la situation avec davantage de finesse. «Le grand rival de Migros retire lui aussi temporairement certaines marques, mais Coop comble les trous en rayon grâce à ses propres produits.» Une façon d’éviter que le public n’ait l’impression d’un supermarché mal approvisionné.
Un schéma de négociations classique
Les négociations entre fabricants et grands distributeurs ressemblent, selon lui, à celles menées entre partenaires sociaux dans le bâtiment ou d’autres secteurs lorsqu’il est question de salaires. Dans le commerce de détail aussi, producteurs et détaillants commencent par des exigences maximales, avant de chercher progressivement un compromis.
A terme, les produits devraient retrouver leurs places dans les rayons des magasins. «Aucun grand distributeur ne peut se permettre de se passer durablement de ses meilleures ventes issues des marques», estime le responsable anonyme. Reste à voir qui, des deux camps, tiendra le plus longtemps.