Demande de relogement possible
Menacé par un éboulement, Brienz est prêt à évacuer 25 ménages

A Brienz (GR), 25 ménages envisagent un déménagement volontaire face à la menace d'un éboulement majeur. Cette relocalisation préventive, une première de cette ampleur, soulève des questions juridiques et financières complexes pour la commune et les habitants.
Publié: 30.07.2025 à 09:58 heures
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Dernière mise à jour: 30.07.2025 à 13:13 heures
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A Brienz, 25 ménages envisagent un déménagement volontaire face à la menace d'un éboulement majeur.
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

Vingt-cinq ménages envisagent de quitter volontairement Brienz (GR), menacé par un éboulement majeur et évacué en novembre dernier. Un groupe de travail mandaté par la commune va se pencher sur cette relocalisation préventive, une première de cette ampleur en Suisse qui pose plusieurs questions.

A côté du petit cimetière, l'église du village trône sur la vallée de l'Albula depuis 1519. Si Brienz est finalement abandonné à cause de l'éboulement imminent de près de 1,2 million de mètres cubes de roche, l'édifice pourrait bien être un jour le seul bâtiment du village encore debout.

«L'église est un bâtiment classé. La loi sur l'aménagement du territoire est claire: ses directives doivent être respectées dans l'intérêt de la préservation du patrimoine», a déclaré Roland Tremp, président du groupe de travail sur la réinstallation, lors d'un entretien avec Keystone-ATS. Mais les quelque 80 habitants de Brienz, évacués depuis novembre, ont actuellement d'autres priorités.

Beaucoup d’entre eux n’ont pas abandonné l’espoir de retourner chez eux, selon Roland Tremp. Depuis novembre dernier, ils ne peuvent s'y rendre qu'à des heures fixes et durant la journée.

Ceux qui déménagent doivent démolir

Dans ces conditions et face à l'incertitude de l'avenir, de plus en plus d'habitants envisagent désormais de déménager définitivement. Le groupe de travail a déjà eu des entretiens avec 25 ménages. Le problème est qu'une relocalisation n’est pas si simple si aucun dommage n’a encore été causé par la catastrophe naturelle.

Il n’y a encore jamais eu de cas comparable en Suisse. En attendant, la commune peut certes garantir des fonds à titre préventif, en vertu de la loi sur les forêts. Mais pour y prétendre, ceux qui veulent déménager doivent d'abord démolir leur maison à Brienz. «Une mesure drastique», admet Roland Tremp, mais c’est la loi, précise-t-il.

C'est là en effet le principal problème qui se pose à ceux qui veulent quitter Brienz: comment couvrir les coûts de construction d'une nouvelle maison ou d'emménagement dans un appartement si on n'est indemnisé qu'après la démolition de la maison de Brienz?

Les autorités grisonnes ont trouvé un compromis, indique Roland Tremp. Elles versent un prêt relais. Ainsi, les ménages concernés peuvent se projeter dans l'avenir. A l'image de cette famille, déjà occupée à la construction d'un nouveau logement à Schiers (GR). Elle devrait être le premier ménage à déménager, au printemps 2026, a expliqué Christian Wilhelm, membre du groupe de travail, à Keystone-ATS.

Des expériences à partager

Les règles applicables aux deux fermes de Brienz sont différentes, en particulier parce qu'elles sont sises dans des zones agricoles et non constructibles, explique Roland Tremp. Plusieurs services de l'Etat vont accompagner leurs exploitants dans leurs démarches. L'un prévoit d'acheter un bâtiment existant, l'autre de construire.

Il existe encore une option pour cultiver la terre sur place, grâce à un tunnel de drainage. Long de 2,3 km et actuellement en construction, il doit permettre d'évacuer l'eau. Les autorités espèrent que cette infrastructure, d'un coût de 40 millions de francs, permettra de réduire considérablement les glissements de terrain.

Les personnes concernées ont jusqu'au 30 septembre pour déposer une demande de relogement préventif. «S’il ne reste à la fin que cinq personnes, c’est complètement différent que s’il y en a 20 ou 30», souligne Roland Tremp. Ce n'est pas seulement l’apparence, mais toute l’infrastructure du village qui s'en trouvera modifiée, notamment les conduites d’eau, les égouts, ainsi que les routes ou les lignes électriques.

La commune supporte ces coûts d’investissement importants malgré un nombre très réduit d’habitants. Le groupe de travail n’a pas encore trouvé de solution à ce problème. Mais une chose est claire, d'après Roland Tremp: «l’expérience que nous acquérons ici pourra aider d’autres communes qui se trouveraient dans des situations similaires à l’avenir».

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