Clint Wunderli ne sait plus où donner de la tête. Après le décès de son père, ce rentier de l'Assurance-invalidité (AI) emménage début septembre dans un appartement d'une pièce et demie à Rümikon, en Argovie.
L'appartement fraîchement repeint semble chic. Mais ce n'est qu'une impression: la moisissure pousse dans tous les recoins, à côté du canapé, à l'intérieur de l'armoire. «J'habite dans un trou à moisissure», déclare l'homme de 38 ans à Blick.
Le jeune locataire trentenaire est asthmatique, et l'hygiène déplorable de l'appartement lui fait craindre pour sa santé et pour celle de ses deux chiens. Il a déjà demandé à sa propriétaire de remédier à cette situation. En vain: cette dernière estime que toute la faute revient à Clint Wunderli.
Des champignons partout
Blick s'est rendu sur place et a constaté la présence de moisissure noire et grise dans les coins des murs extérieurs de l'appartement. Le murs sont atteints par une forte humidité, perceptible au toucher, et ils s'effritent par endroits. A l’arrière, un pare-vapeur ainsi qu’une légère couche d’isolation en laine de roche peuvent être observés. L'armoire de Clint Wunderli, elle, s'est déjà désintégrée: les champignons y ont pris leurs quartiers, à l'intérieur et à l'extérieur.
Le mur derrière le canapé sur lequel dort Cedric Wunderli est, lui aussi, envahi de moisissures. «Je commence à tousser», explique le jeune locataire. «Le médecin m'a prescrit un spray contre l'asthme plus puissant.»
La saleté ambiante commence également à affecter l'un de ses chiens. Le petit chihuahua Sam est de toute évident en train de tomber malade. En revanche, son Cane Corso, Beverly, ne présente aucun symptôme pour l'instant.
«Ce n'est pas ma faute»
Avant de bénéficier d'une rente AI en raison d'un trouble hormonal congénital, Clint Wunderli travaillait comme agent d'entretien dans une administration communale. Il sait donc comment éviter la prolifération de moisissures. «Dans cet appartement, ce n'est pas possible», assure-t-il. «Et ce n'est vraiment pas ma faute!»
La moisissure est apparue pour la première fois lors de la réparation de son frigo, tombé en panne quelques semaines après son emménagement. Lors du démontage par un spécialiste, grande surprise: une grande tache grise trônait derrière le réfrigérateur.
La commune ne peut pas aider
Depuis, la moisissure a proliféré partout dans l'appartement. Clint Wunderli a alors averti sa propriétaire. «Mais elle n'a fait que maugréer. Ou se moquer de moi.»
Le trentenaire montre la conversation WhatsApp à Blick. Les quolibets sont légion, les reproches fusent de part et d'autre. Durant la discussion, la propriétaire écrit avec un ton sarcastique que le locataire n'a qu'à partir. «Ou rester et vivre dans la moisissure. Je m'en fiche. Reste dans la moisissure. C'est bien, non?»
Clint Wunderli se tourne alors vers sa commune de résidence, Zurzach, dans l'espoir de trouver de l'appui. Mais là aussi, on lui dit que personne ne peut l'aider. On le dirige vers l'AI. «Is m'ont également dit qu'ils ne pouvaient pas m'aider, qu'ils n'avaient pas de chambre d'urgence.» L'administration communale lui fait également savoir par e-mail qu'elle ne peut lui offrir aucun soutien. Elle le renvoie à l'association de défense des locataires et aux autorités de conciliation.
«Pas de problème avec le locataire précédent»
Lorsque Blick confronte la propriétaire, celle-ci s'énerve. «Le locataire précédent était dans l'appartement depuis 13 ans, il n'y a jamais eu de problèmes», affirme la bailleuse, qui souhaite rester anonyme. Elle estime que le «nouveau» fait beaucoup de choses de travers.
«Pour économiser, il n'utilise pas les radiateurs électriques, mais il chauffe l'appartement avec un poêle à pétrole. La combustion engendre de l'humidité supplémentaire et empêche l'air de circuler. Il ne fait pas non plus fonctionner les ventilateurs du plafond, comme nous avions convenu.»
La propriétaire s'est donc résolue à prendre une décision radicale: elle a averti oralement Clint Wunderli qu'elle allait résilier son bail. Elle va maintenant concrétiser sa décision par écrit et lui envoyer un courrier recommandé. «Il devra aussi payer pour les dommages!»
De son côté, Clint Wunderli admet qu'il utilise un poêle à pétrole. Mais il réfute le fait que les dommages viennent de là. Il assure que c'est aussi la première fois qu'il entend dire que les ventilateurs au plafond doivent fonctionner en hiver.
La situation entre le locataire et la propriétaire est tellement tendue que les deux parties se rencontreront mi-janvier devant l'autorité de conciliation. Mais Clint Wunderli espère être déjà parti avant cette échàance: «Je ne veux pas rester ici aussi longtemps. Je cherche d'urgence un autre appartement!»