Le chef de l’armement Urs Loher est revenu de Washington les mains vides. La Confédération devra encore patienter avant de recevoir les systèmes de défense antiaérienne Patriot commandés. Déjà en juillet, les Etats-Unis avaient demandé à la Suisse d’attendre. Le ministère américain de la Défense continue de donner la priorité à l’Ukraine. La délégation suisse, qui avait pourtant insisté au Pentagone sur la nécessité de protéger le pays face aux menaces aériennes, n’a pas obtenu gain de cause. La Suisse reste sur la touche.
Mais Berne ne se laisse pas faire sans réagir. Les paiements liés aux Patriot sont désormais «suspendus jusqu’à nouvel ordre», indique une porte-parole de l’Office fédéral de l’armement Armasuisse. Les points essentiels de l’acquisition sont toujours insatisfaisants. Autrement dit, Washington entretient le flou quant au calendrier de livraison et à d’éventuels surcoûts, comme cela avait déjà été le cas avec l’avion de combat F-35.
Environ 700 millions déjà versés
Jusqu’à l’été dernier, la Suisse avait versé 870 millions de francs d’acomptes pour le F-35. Ce montant atteindra un milliard d’ici la fin de l’année. Pour les systèmes Patriot, dont la facture s’élève à près de deux milliards, environ 700 millions ont déjà été payés. Mais le robinet financier est désormais fermé. Le versement prévu à la mi-septembre a été suspendu. La Suisse espérait relancer les discussions, en vain.
Avant de débloquer de nouveaux fonds, la Confédération veut des garanties. Les premiers systèmes Patriot devraient arriver en Suisse dès 2026, et les cinq unités promises d’ici 2028. Mais plusieurs points restent incertains, notamment les livraisons des missiles guidés eux-mêmes, également touchées par les retards.
Les négociations se poursuivent. Washington a laissé entendre qu’il pourrait fournir à la Suisse, dans les prochaines semaines, un calendrier plus précis ainsi qu’une estimation des éventuels coûts additionnels. Les Etats-Unis assurent vouloir limiter autant que possible les perturbations pour les pays clients du système Patriot. Reste à savoir dans quelle mesure ils y parviendront.