«Etre prêt avant 2030»
La Russie pourrait-elle attaquer la Suisse? «Le danger existe»

Dans un contexte de tensions croissantes entre l'OTAN et le Kremlin émerge la question des capacités de défense de la Suisse. Un ancien chef de l'armée de l'air n'est pas très optimiste.
Publié: 16:20 heures
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Dernière mise à jour: 16:23 heures
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La semaine dernière, des drones russes ont volé en Pologne. Moscou semble tester l'OTAN.
Photo: IMAGO/Anita Walczewska
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Daniel Ballmer

La situation en Europe continue de s'aggraver. La semaine dernière, des drones russes sont apparus en Pologne et vendredi, des avions de combat ont violé l'espace aérien de l'Estonie. Moscou semble mettre l'OTAN à l'épreuve, elle teste jusqu'où elle peut aller. Une attaque aérienne sur Zurich, Berne ou Genève est-elle envisageable? Certains experts n'excluent plus un tel scénario.

«Le danger existe que la Russie lance également des attaques exploratoires sur la Suisse à distance», déclare l'ex-chef de l'armée de l'air Bernhard Müller à la «Sonntagszeitung». Vladimir Poutine pourrait ainsi tester la réaction de l'OTAN en cas d'attaque contre un pays neutre et de l'OTAN, craint Bernhard Müller.

«
Nous sommes loin de disposer d'une défense aérienne capable de nous protéger
Bernhard Müller, ancien chef de l'armée de l'air
»

La semaine dernière déjà, le ministre de la Défense Martin Pfister avait précisé que la Suisse serait actuellement impuissante face à une attaque de drones: «En l'état actuel, notre défense aérienne ne pourrait pas repousser une telle intrusion de drones.»

Mais cela vaut tout autant pour les missiles balistiques, les missiles hypersoniques ou les missiles de croisière, avertit l'ex-chef de l'armée de l'air: «Nous sommes loin de disposer d'une défense aérienne capable de nous protéger.» Une attaque est-elle imminente? «Pour moi, il est clair que nous devrions être prêts avant 2030.»

«La prochaine étape, ce sont les attaques aériennes»

Aujourd'hui, des offensives russes se font déjà régulièrement sentir en Suisse. La première phase de la guerre hybride avec des cyberattaques a déjà commencé, selon Paul Winiker, cité par la «Sonntagszeitung». «La prochaine étape, ce sont les attaques aériennes», ajoute l'ancien conseiller d'Etat lucernois et responsable de la commission stratégique de l'association Pro Militia.

Le Département fédéral de la défense (DDPS) reconnaît que les systèmes existants, comme les avions F/A-18 ou les canons antiaériens, «ne peuvent pas combattre les drones, ni les missiles de croisière, les missiles balistiques ou les armes hypersoniques».

Des achats à venir

Pour tenter d'y remédier, la Confédération a commandé 36 avions de combat F-35 et des missiles Patriot pour la défense aérienne terrestre de plus grande portée. Cela permettrait de protéger environ un tiers du territoire national. Seulement, ces projets sont confrontés à des coûts supplémentaires et à des retards. En outre, la Confédération s'emploie à combler les lacunes en matière de moyennes distances. Cinq systèmes de défense sol-air IRIS-T SLM seront acquis à cet effet.

Mais, même si tous les achats prévus sont effectués, le problème du manque de munitions subsiste. En cas d'urgence, l'armée serait rapidement à court de munitions, même avec les nouvelles armes, comme l'écrit encore le journal dominical. La question se pose donc de savoir si la planification actuelle permet de protéger efficacement la Suisse contre les menaces aériennes.

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