Le coup de gueule d'un élu socialiste
«L'examen d'aptitude à l'armée exclut de nombreuses personnes handicapées»

Le conseiller national socialiste Islam Alijaj critique l'examen d'aptitude de l'armée, lequel discrimine selon lui les personnes handicapées en les écartant d'office. Pourtant, elles pourraient rendre de précieux services, notamment dans le domaine de la cybersécurité.
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L'examen d'aptitude actuel exclut de nombreuses personnes.
Photo: keystone-sda.ch
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Tobias Bruggmann

Lorsqu'un jeune homme fête ses 18 ans, il ne reçoit pas que des cartes d'anniversaire, mais aussi un courrier de l'armée, qui l'invite à une journée d'information sur le service obligatoire. Si presque tous les hommes suisses passent par là, le parcours militaire de ceux qui ont un handicap physique s'arrête souvent après la journée de recrutement.

Pourtant, les personnes en situation de handicap sont bien autorisées à servir dans l'armée. Mais les obstacles sont bien trop élevés, selon le conseiller national du Parti socialiste (PS) Islam Alijaj. «L'examen d'aptitude sévère exclut de nombreuses personnes handicapées. C'est discriminatoire!» Son constat est clair: «Il nous faut davantage de soldats handicapés.»

Une aide pour la cybersécurité

Les compétences des personnes handicapées pourraient également être très utiles à l'armée. «Les futures guerres ne seront pas menées sur le champ de bataille, mais devant l'ordinateur», explique Islam Alijaj. «Dans le domaine de la cybersécurité en particulier, de nombreuses personnes handicapées disposent de connaissances suffisantes pour aider considérablement l'armée.»

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Les personnes handicapées ont un immense potentiel et pourraient tout à fait servir dans l'armée
Islam Alijaj, député socialiste
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«Les personnes handicapées sont souvent considérées comme des êtres impuissants. Pourtant, elles ont un immense potentiel et pourraient tout à fait servir dans l'armée», explique-t-il.Le service doit être volontaire, «un modèle obligatoire a en effet été clairement rejeté par le peuple dimanche».

«Mais celui qui le veut et le peut doit trouver sa place dans l'armée», affirme-t-il. Dans son intervention, il pose maintenant diverses questions au Conseil fédéral, notamment sur les adaptations nécessaires pour permettre aux personnes handicapées d'accéder à l'armée.

La Suisse déjà condamnée en 2021

La Cour européenne des droits de l'homme avait déjà condamné la Suisse pour cette raison en 2021. Depuis, l'armée doit laisser le choix à tous ceux qui souffrent d'un handicap léger: ils peuvent soit payer des indemnités, soit occuper une fonction adaptée.

Dans les faits, les personnes handicapées peuvent déjà servir aujourd'hui. «En fin de compte, il s'agit toujours de la personne individuelle, indépendamment de la maladie ou de la limitation sous-jacente», écrit l'armée sur demande.

Toute personne qui, d'un point de vue médical, satisfait aux exigences du service militaire sur le plan physique, intellectuel et psychique et qui, en outre, ne met en danger ni sa propre santé ni celle de tiers, est apte au service militaire. «Dans ce cadre, on essaie de rendre possible un service militaire». Entre 2013 et 2024, un peu plus de 1400 personnes avec des restrictions auraient été engagées par l'armée.

Celle-ci n'est toutefois pas autorisée à répondre aux questions spécifiques posées par Islam Alijaj, lesquelles relèvent de la compétence du Conseil fédéral. L'exécutif prendra probablement position dans les semaines à venir.

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