Daniel Gisler de Remetschwil (AG) présente fièrement sa jambe gauche. On peut y voir une cicatrice fraîche de dix centimètres. C'est à cet endroit que l'ancien manager boursier s'est fait retirer des plaques métalliques, des clous et des vis de ses os il y a une dizaine de jours. Celles-ci lui avaient été posées après un accident au cours duquel il s'était fracturé le tibia et le péroné.
Si l'intervention est standard, la manière dont l'Argovien s'est fait opérer est sensationnelle et constitue une première à l'hôpital cantonal de Baden: «Je me suis fait découper le tibia sans anesthésie!» Le «Chuck Norris argovien» a eu recours à une méthode peu commune: l'hypnose. Mais comment en est-on arrivé là?
Un hypnotiseur débutant
D'avril à octobre 2023, Daniel Gisler a suivi une formation de thérapie par l'hypnose. C'est là qu'il a appris que «l'hypnose permet d'agir sur la perception de la douleur. Même les interventions chirurgicales seraient ainsi possibles sans anesthésie. Lorsque sa propre opération est arrivée, il a voulu en avoir le cœur net: un débutant en hypnose comme lui peut-il déjà réaliser une telle opération?
Daniel Gisler a demandé au personnel de l'hôpital de Baden si une opération sans anesthésie – uniquement sous hypnose – était possible. Avant même de recevoir le feu vert de l'hôpital, l'hypnotiseur débutant a commencé les préparatifs.
«J'ai d'abord demandé de l'aide pour l'hypnose, car j'avais besoin de quelqu'un qui puisse me soutenir dans des situations difficiles pendant l'opération», explique l'Argovien. Il demande donc au groupe Whatsapp des participants au cours de lui trouver un accompagnateur. Sa collègue Lajla Tahic s'est immédiatement manifestée. Ensemble, ils se sont préparés à l'intervention. Plusieurs séances d'hypnose communes ont suivi. «C'est ainsi que nous avons développé une intuition mutuelle», explique Daniel Gisler.
Tests de douleur faits à la maison
«Pendant ces séances, nous avons testé si je ne ressentais vraiment rien, explique Daniel Gisler. Ceci en serrant de plus en plus fort la peau de ma main à l'aide d'une pince.» Lajla Tahic ajoute en riant: «Je n'ai pas été tendre, après tout, nous voulions être sûrs qu'il ne sente aucune douleur.» En état d'hypnose, il n'aurait rien remarqué, ce n'est que le lendemain qu'il aurait ressenti une légère douleur à la main.
L'intervention a finalement eu lieu le lundi 15 janvier 2024. «Ce n'est que vendredi que j'ai reçu le feu vert de l'hôpital, explique Daniel Gisler. J'étais très excité, je me réjouissais énormément de cette expérience.»
En temps normal, ce type d'intervention nécessite une anesthésie générale ou au moins une anesthésie locale. Selon le personnel de l'hôpital, lors d'une telle opération, la jambe est ouverte sur une longueur de dix centimètres jusqu'à l'os du tibia et du péroné.
Une heure sous hypnose
Environ 40 minutes avant le début de l'opération, Daniel Gisler s'est mis en état d'hypnose avec ses propres enregistrements audio. C'est ensuite Lajla Tahic qui a pris le relais: «Je lui ai parlé à plusieurs reprises pour le maintenir dans cet état.»
Pendant l'opération, l'Argovien a certes ressenti certaines manipulations – comme des tiraillements lors de l'incision, des pincements lors de la sclérose et les points de suture. «Mais tout était supportable», a-t-il déclaré. En cas de douleurs plus importantes, l'équipe chirurgicale aurait pu réagir à tout moment par une anesthésie locale ou une interruption. Mais cela n'a pas été nécessaire: avec sa partenaire d'hypnose, il a réussi à rester sous hypnose pendant une heure.
Ce n'est que vers la fin de l'opération que les choses sont devenues délicates: «Les dix dernières minutes ont été soudainement violentes», raconte Daniel Gisler. «Le médecin m'a dit: 'On a bientôt fini'. Et j'ai émergé de mon état profond à cause de son annonce.» L'Argovie a alors ressenti la plupart des douleurs lors des sutures. «Mais Lajla a réussi à me garder sous hypnose.»
Les deux hypnotiseurs proposent chacun leur aide à d'autres personnes. Ils estiment tous deux que «si c'était à refaire, nous le referions». Ils précisent cependant: «Une opération sous hypnose n'est pas pour tout le monde. Il faut de la pratique.»