Ceux qui connaissent Joseph Stiglitz savent que le prix Nobel ne mâche que rarement ses mots. Encore moins quand il s'agit du président américain. «Trump est un promoteur immobilier corrompu qui aime emprunter de l'argent et n'aime pas le rembourser», déclare l'économiste dans un entretien avec la «NZZ». Il rapproche le gouvernement américain du crime organisé, parle d'«économie mafieuse»: «Quand un gouvernement mafieux approche les entreprises et leur impose des taxes, c'est très inquiétant.»
Bien que Joseph Stiglitz, tout comme Trump, ne trouve pas grand-chose de bon à la mondialisation, l'économiste est un adversaire résolu de la politique américaine actuelle: «Trump profite du fait que la population est mécontente de la mondialisation mal mise en œuvre. Mais il ne comprend pas quels en sont les défauts fondamentaux.» C'est pourquoi sa politique nuit massivement au secteur américain des services, par exemple dans les domaines de l'éducation, du tourisme et même des services de santé.
Pour le prix Nobel, il est clair que la demande de biens et de services américains diminue parce que beaucoup de gens sont en colère contre les Etats-Unis. Il ne donne aucune chance à la politique économique du président américain: «Trump ne ramènera pas non plus d'emplois aux Etats-Unis parce que la fabrication moderne de biens est de plus en plus réalisée par des robots. Trump se trouve mentalement dans les années 1950, pas en 2025.»
«Beaucoup de choses relèvent de la pure incompétence»
L'économiste est très inquiet pour les Etats-Unis: «La probabilité de perdre la démocratie aux Etats-Unis est d'au moins 50%». «Vous me demandez s'il y a un plan derrière tout cela. Beaucoup de choses relèvent de la pure incompétence», juge-t-il sévèrement dans une interview accordée à la «NZZ».
La Suisse et le Conseil fédéral ne doivent pas baisser la tête, mais passer à la contre-attaque: «Je prendrais des mesures de rétorsion et défendrais le point de vue de la Chine selon lequel Trump ne respecte que les acteurs qui réagissent agressivement à ses projets.»
Il n'accepte pas l'objection concernant la taille de la Suisse, le pays a un marché global et les Etats-Unis ne représentent que 13% du commerce mondial. C'est pourquoi il est clair pour Stiglitz que «le seul langage que Trump comprend est celui du pouvoir». C'est pourquoi les pays concernés par les droits de douane devraient mieux coopérer entre eux.
Autrement dit, conclure une sorte d'alliance commerciale contre Trump au lieu de chercher individuellement un accord avec le président américain.