Davantage de bœuf américain?
La marge de manœuvre pour un accord sur la viande avec Trump est faible, mais il y a une faille

Davantage de bœuf américain en Suisse? Selon l'Union professionnelle suisse de la viande, le Conseil fédéral n'a guère de marge de manœuvre pour appâter le président américain avec des exportations de viande en vue d'un accord. Voici pourquoi.
Publié: 06.09.2025 à 21:10 heures
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A cause de contraintes juridiques, la Suisse est limitée dans sa stratégie face à Donald Trump.
Photo: IMAGO/UPI Photo
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Andreas Valda
Handelszeitung

Pour des raisons de droit commercial, la Suisse ne peut offrir à Donald Trump que peu d'importations supplémentaires de viande de bœuf. «La marge de manœuvre réelle pour des concessions substantielles vis-à-vis des Etats-Unis est très faible», déclare Damian Müller, président de l'Union professionnelle suisse de la viande (UPSV). Une conclusion confirmée par l'Union suisse des paysans

En vérité, la Suisse est liée aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). C'est cette dernière qui fixe les contingents d'importation maximums à droits réduits. Et il s'agit de quantités précises et quasiment immuables.

Le calcul est le suivant: au cours des deux dernières années, 29'000 tonnes de viande rouge ont été importées en moyenne ; le contingent à droits réduits garanti par l'OMC est de 23'700 tonnes. Grâce à l'accord de libre-échange avec l'espace économique du Mercosur, l'OMC autorise la Suisse à importer 3200 tonnes supplémentaires de viande de bœuf et d'agneau.

Il ne reste donc pour un «deal» avec Donald Trump «qu'une marge de manœuvre de 2000 à 3000 tonnes maximum d'importations de viande de bœuf par an», déclare Damian Müller. Par rapport à l'ensemble du marché, c'est très peu. Le président de l'Union suisse des paysans, Markus Ritter, et son directeur Martin Rufer confirment cette estimation.

Une seule brèche

La différence entre le contingent à droits réduits de l'OMC (23'700 tonnes) et les importations réelles (29'000 tonnes) de viande rouge est justifiée. «Nous importons aujourd'hui plus que la quantité OMC établie, car en raison de la situation du marché, davantage de quantités sont également libérées au taux bas du contingent tarifaire», explique Martin Rufer.

«Ce contingent OMC est fixe et ne peut pas être adapté unilatéralement. Des modifications ne seraient possibles que dans le cadre de négociations multilatérales ou bilatérales – une entreprise extrêmement délicate sur le plan politique», ajoute Damian Müller.

La seule marge de manœuvre possible pourrait venir d’une reclassification des importations de viande. Entre 2017 et 2019, l’administration des douanes avait en effet décidé d’exclure ces produits du contingent OMC applicable à la viande rouge — ce qui représentait 14'000 tonnes rien qu’en 2018. «Si cette décision venait à être révisée aujourd’hui, la situation pourrait évoluer», confirment les deux associations.

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