Affrontements, policiers blessés, incendies, vitres brisées. Samedi dernier, la manifestation non autorisée en faveur de la Palestine à Berne a dégénéré, minée par des casseurs et des manifestants violents.
Au milieu du chaos, la police a mené une vague d'arrestation: 536 personnes ont été nassées et emmenées au poste. La plupart sont soupçonnées d’appartenir au black bloc, un mouvement connu pour ses actions radicales. Parmi eux, 80% provenaient d'autres cantons que Berne et une «partie considérable» étaient des Romands, a confirmé aux journaux de Tamedia le chef adjoint de la police locale bernoise.
Clouer les casseurs au pilori
Pour le président de l’Union démocratique du centre (UDC), Marcel Dettling, il ne fait plus de doute que les émeutiers doivent répondre de leurs actes. Il demande à la police de rendre leurs noms publics: «Ces noms doivent être publiés immédiatement», déclare-t-il à Blick.
«Les employeurs et les universités doivent savoir qui ils embauchent», ajoute-t-il. Selon lui, les personnes impliquées dans des manifestations violentes doivent en assumer les conséquences. Marcel Dettling estime que l’anonymat prolongé des auteurs de violences a favorisé cette escalade. «Il faut maintenant agir. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il y ait des morts.»
Il interpelle également la gauche: «Ils réclament sans cesse la transparence dans tous les domaines – financement politique, lobbying – mais se taisent lorsque la violence vient de leurs rangs.» Le gouvernement municipal de Berne, à majorité gauche-verte, n’a pas réussi à faire respecter l’interdiction de se masquer le visage, déplore-t-il. «On protège ainsi les membres de l'extrême gauche. Cela me laisse profondément perplexe.»
«La législation est suffisante»
Après les violences, plusieurs responsables politiques ont réclamé un durcissement des lois. Le directeur de la sécurité du canton de Berne, Philippe Müller (PLR), souhaite notamment interdire l’Antifa et renforcer les moyens d’action contre les manifestations non autorisées. De son côté, le centriste Reto Nause, ancien chef de la police bernoise, propose d’accroître les compétences du Service de renseignement de la Confédération.
Mais pour Marcel Dettling, «la législation actuelle est suffisante». Il estime que les autorités devraient surtout mieux appliquer les lois existantes. Une critique à peine voilée contre le directeur de la sécurité de la ville, Alec von Graffenried. Selon lui, les manifestants illégaux et cagoulés ont trop longtemps bénéficié d’une tolérance coupable.
Les Jeunes socialistes doivent payer
Les Jeunes UDC exigent, eux, que les Jeunes socialistes soient tenus pour responsables. Ces derniers avaient appelé à participer à la manifestation. «Nous demandons à la ville de Berne de facturer les coûts de l’intervention policière à la Jeunesse socialiste suisse et aux autres organisations ou personnes ayant encouragé cette action illégale », déclare Nils Fiechter, président des Jeunes UDC suisses. Une intervention sera déposée au conseil municipal.
Mais il n’est pas dit que la jeunesse socialiste doive payer. En principe, les organisateurs d’une manifestation peuvent être tenus responsables en cas de débordements. Or, dans ce cas précis, il n’y avait ni organisateur déclaré ni autorisation officielle. La présidente des Jeunes socialistes, Mirjam Hostetmann, assure à Blick que son parti n’a pas pris part à l’organisation et a condamné la violence «tant des manifestants que de la police».
Les débordements violents de samedi seront débattus jeudi au conseil municipal de Berne. Selon l’agence télégraphique suisse (ATS), plusieurs groupes – dont le PS, l’UDC et le conseiller municipal David Böhner – ont demandé la tenue d’un débat politique sur ces événements.