«J'étais morte de peur!»
Elle a voulu augmenter la taille de ses fesses et l'a presque payé de sa vie

Elle rêvait d'avoir des fesses plus rebondies. Elle l'a presque payé de sa vie. Nora Frischknecht est passée par l'institut de beauté de l'esthéticienne Fatma Y. et a dû être hospitalisée d'urgence. La fausse médecin a été arrêtée.
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L'esthéticienne Fatma Y. s'est fait passer pour un médecin et a effectué des traitements pour lesquels elle n'était pas qualifiée.
Photo: zVg

Nora Frischknecht, propriétaire d'une boutique et influenceuse originaire de Wolfhalden en Argovie, est en colère contre l'esthéticienne Fatma Y.*. Celle-ci s'est fait passer pour une médecin et a proposé des traitements pour lesquels elle n'était pas qualifiée. 

La jeune femme, qui habite aujourd'hui à Appenzell, dans l'est de la Suisse, s'est laissée traiter en toute confiance et s'est retrouvée quelques heures plus tard aux urgences de l'hôpital voisin de Herisau . «Comment ai-je pu me laisser tromper à ce point?», se demande Nora Frischknecht lors de sa visite à Blick. «Comment peut-elle jouer ainsi avec la vie des autres?»

Au cours des deux dernières années, plusieurs plaintes ont été déposées contre Fatma Y, une esthéticienne active à Wettingen, en Argovie. Une procédure est également en cours depuis environ un an. Mais ce n'est qu'après que Nora Frischknecht a signalé son cas au service de santé publique du canton d'Argovie que les agissements de Farma Y. ont subitement pris fin: le salon de beauté de Wettingen a été le jour même le jour même par les autorités.

Malgré la fermeture, Fatma Y. a continué à pratiquer des soins et à en faire la promotion sur les réseaux sociaux. Une audace qui lui coûte désormais très cher: mardi, l'esthéticienne a été arrêtée, puis menottée. Elle se trouve désormais en détention provisoire, comme l'a confirmé lundi Adrian Schuler, porte-parole du parquet du canton d'Argovie à Blick. Les accusations à son encontre sont graves: lésions corporelles et infractions à la loi sur les produits thérapeutiques.

Intervention prétendument réalisée par un médecin

Tout a commencé par une offre alléchante: Fatma Y. faisait la promotion de liftings des fesses sur Instagram. Son offre spéciale: 600 millilitres de polyfiller pour 1350 francs. Séduite à première, Nora Frischknecht a tout de même pris le soin de se renseigner en détail. «J'ai demandé à plusieurs reprises s'il y avait des complications possibles et si l'intervention serait pratiquée par un médecin.» 

La réponse ne s'est pas faite attendre: «Il n'y a aucune inquiétude à avoir.» On lui a également confirmé que l'opération serait faite par un médecin, comme le prouve l'historique de la conversation entre Nora Frischknecht et le salon de bauté, que Blick a pu consulter.

Pendant environ une semaine, l'influenceuse a continué de se renseigner sur Fatma Y et sur ses prestations. «Sur tous ses canaux, elle disait être médecin. Je lui ai fait confiance. Pourquoi quelqu'un mentirait-il à propos d'une telle chose?» Elle a donc pris rendez-vous pour la mi-novembre.

Des injections douloureuses

Sur place, Fatma Y. a réaffirmé qu'elle était médecin et a même montré un certificat médical accroché au mur. «Quand j'ai eu peur, elle m'a simplement dit: 'Tu ne vas pas mourir, tu risques tout au plus une petite infection' – et elle a assuré me prescrirait des antibiotiques pour la soigner.»

L'esthéticienne s'est alors mise au travail: elle a injecté à Nora Frischknecht de la lidocaïne, un anesthésique local. «Elle n'a pas attendu que l'effet se fasse sentir, mais a immédiatement apporté un plateau avec plusieurs grosses seringues non étiquetées», se souvient Nora Frischknecht.

La jeune patiente assure avoir ressenti une douleur insupportable dans les fesses. «Je sentais tout!» Son calvaire ne faisait que commencer: «Ma circulation a fortement baissée, j'avais des frissons. Mais cela semblait lui être égal.»

Graves complications

Alors que la séance touchait à sa fin, l'esthéticienne lui a remis une boîte d'Amoksicilin HF, un antibiotique fabriqué en Bosnie. Nora Frischknecht s'est ensuite mise en route pour Appenzell. Un long trajet durant lequel elle a commencé à ressentir des «palpitations cardiaques». L'influenceuse raconte: «Mon cœur battait bizarrement, j'avais la nausée et je me sentais déjà légèrement fatiguée.» 

Une fois rentrée chez elle, Nora Frischknecht n'a eu qu'une envie: dormir. «Mais je n'y arrivais pas. Mon cœur battait à tout rompre.» Cinq heures seulement après la fin de l'intervention, son mari a décidé de la conduire aux urgences de l'hôpital de Herisau, dans le canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures. 

Le diagnostic: microabcès dans les fesses, taux d'inflammation fortement élevé et problèmes circulatoires. Les médecins ont alors craint qu'elle fasse une embolie. «J'ai été hospitalisée pendant plusieurs jours et placée sous étroite surveillance.»

«J'ai eu peur de mourir»

La jeune Suissesse fond en larmes à chaque fois qu'elle repense à cette expérience. «J'avais peur de mourir! Je pensais avoir détruit ma vie. Je me suis même excusée auprès de mon mari et je me suis d'abord reproché ce qui m'était arrivé.» Mais son conjoint l'a immédiatement contredite: «Ce n'est pas ta faute, mais celle de cette femme!»

Lorsque les médecins ont voulu savoir ce qui avait réellement été injecté, Nora Frischknecht n'a obtenu aucune réponse claire de la part de Fatma Y. «Je suppose qu'elle a utilisé un produit illégal.»

Grâce à l'intervention rapide des médecins, le pire a pu être évité. Mais même après trois semaines, Nora Frischknecht lutte encore contre les conséquences de cette intervention: l'infection a disparu, mais le produit est toujours dans son corps. «Un chirurgien esthétique va bientôt examiner cela», dit-elle. «Je ne peux toujours pas m'asseoir correctement, j'ai mal.» Elle souffre également de crises de panique: «Dès que mon cœur bat un peu plus vite, j'ai peur d'en mourir.»

Désir de justice

Nora Frischknecht a porté plainte contre Fatma Y. auprès de la police cantonale d'Argovie. La semaine dernière, Blick a demandé à plusieurs reprises à Fatma Y. de s'exprimer à ce sujet, mais n'a reçu aucune réponse, probablement parce que l'esthéticienne était déjà en prison.

Passionnée de mode, Nora Frischknecht parle désormais ouvertement de son expérience, notamment sur Tiktok, où elle compte plus de 64'000 abonnés. Elle souhaiteune chose avant tout: «Je veux que justice soit faite, mais je fais entièrement confiance à la justice suisse.»

* Nom d'emprunt

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