La Suisse ne perd pas l'espoir d'infléchir la position de Donald Trump sur les droits de douane très élevés (39%) que les Etats-Unis veulent lui imposer pour ses exportations dès le 7 août. Elle prépare «une offre» à l'adresse des Etats-Unis. «Nous cherchons à comprendre où il y a eu un manque», a déclaré le conseiller fédéral Guy Parmelin à l'émission Forum de la RTS samedi après le «grand choc» causé par les surtaxes douanières.
«Le Conseil fédéral peut en tout temps avoir une réunion, physiquement ou par conférence téléphonique. Il va très rapidement prendre connaissance (des détails de la position américaine, ndlr) pour comprendre de quoi il s'agit, quel a été le problème à l'origine de la décision du président des Etats-Unis», a dit le chef du Département de l'Economie. «Nous allons tout essayer pour montrer notre bonne volonté et retravailler notre offre», a-t-il ajouté. «L'état général du dossier sera dressé très rapidement.»
Le Conseil fédéral était confiant en vue d'une issue favorable après le projet de déclaration d'intention convenu entre les deux parties et approuvé le 4 juillet par le collège. Cette déclaration, obtenue après des mois de discussions impliquant les départements, avait été «négociée de bonne foi», a encore indiqué M. Parmelin.
«Prêt en tout temps»
Mais au final, la décision se prend au niveau politique «et M. Trump a estimé que le deal était trop déséquilibré». D'où les 39% de taxes douanières imposées à la Suisse pour ses produits exportés dès le 7 août, sauf revirement de dernière minute.
A ce sujet, Guy Parmelin garde espoir. Il évoque une «future offre» aux Etats-Unis «que nous allons préparer» et se tient prêt personnellement en tout temps, ainsi que la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter, à se déplacer outre-Atlantique «si on nous demande d'y aller».
Parmi les ouvertures possibles, le conseiller fédéral a évoqué le gaz naturel liquéfié que l'UE s'est engagée à importer en grande quantité des Etats-Unis (en échange de taxes «modérées» de 15%). C'est une piste à laquelle la Suisse réfléchit car elle en importe aussi.
Peut-être trop optimistes
Autre piste possible, celle consistant à effectuer des investissements supplémentaires aux Etats-Unis, a concédé M. Parmelin. «Mais nous devons d'abord comprendre exactement ce qu'attendent les Etats-Unis», a-t-il ajouté. Les choses devraient être clarifiées «très rapidement», en début de semaine.
A la question «avez-vous été trop optimistes?», M. Parmelin a répondu: «Peut-être, car trois départements pensaient que le texte négocié était suffisant. Jusqu'aux dernières heures, nous n'avions aucun signe que cela se terminerait avec une telle punition». Il craint en particulier une perte de compétitivité de l'économie suisse en comparaison avec l'UE et la Grande-Bretagne, qui pourrait «avoir des conséquences extrêmement graves sur la croissance».
Pharmas dans le viseur
Le Conseil fédéral est en outre aussi «en contacts réguliers avec les représentants du secteur de la pharma (auquel les Etats-Unis demandent des baisses de prix), et ces contacts vont s'accentuer ces prochains jours».
Donald Trump aurait fixé une date butoir au 29 septembre aux entreprises pharmaceutiques mondiales, suisses notamment, pour baisser le prix de leurs produits aux Etats-Unis. Les exportations pharmaceutiques suisses sont pour l'heure exemptées des surtaxes décidées par M. Trump.
En attendant, et plus généralement pour l'ensemble des secteurs, la Suisse recherche «une solution négociée avec les Etats-Unis qui soit compatible à la fois avec l'ordre juridique helvétique et les obligations internationales existantes».