Le SECO au courant
Des composants suisses dans les drones russes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé lundi la présence de milliers de composants d’origine étrangère dans les missiles et drones utilisés par la Russie. Parmi les pays concernés figure la Suisse.
Publié: 20:13 heures
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Le président ukrainien a dénoncé la présence de milliers de composants d’origine étrangère dans les missiles et drones russes. (Image de la chaîne russe TV Zvezda)
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ATS Agence télégraphique suisse

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé lundi la présence de milliers de composants fournis par des entreprises étrangères dans les systèmes de missiles et drones russes. Parmi les pays cités figure la Suisse. Le Seco indique être en étroit contact avec les autorités ukrainiennes et les entreprises concernées.

«Lors des frappes massives dans la nuit du 5 octobre, la Russie a utilisé 549 systèmes d'armes contenant 102'785 composants de fabrication étrangère», a affirmé Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux. Il a cité neuf pays accusés de ne pas empêcher ces approvisionnements: les Etats-Unis, la Chine, Taïwan, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Suisse, le Japon, la Corée du Sud et les Pays-Bas.

«Microcontrôleurs» suisses

Des entreprises de ces pays fournissent entre autres des systèmes informatiques, microprocesseurs, capteurs ou convertisseurs de l'analogique vers le numérique, permettant le fonctionnement des missiles et drones, selon le président ukrainien. Concernant la Suisse, Volodymyr Zelensky a cité «des microcontrôleurs des drones».

«Nous avons communiqué des propositions visant à réduire ces habitudes d'approvisionnement. Nos partenaires disposent déjà de données détaillées sur quelle entreprise et quel produit cibler et comment réagir», a-t-il déclaré.

Le SECO au courant

Le Secrétariat d'Etat à l'économie est conscient de cette problématique depuis le début de la guerre en Ukraine, fin février 2022. «Il est en contact permanent avec les entreprises suisses concernées», a indiqué lundi le Seco à l'agence de presse Keystone-ATS.

Ces acquisitions sont, dans la plupart des cas, effectuées par l’intermédiaire de distributeurs établis dans des pays tiers qui ne se sont pas associés aux sanctions internationales, précise le Seco.

«Il s'agit de biens industriels de masse à large utilisation civile et industrielle qui ne présentent aucune caractéristique militaire. Il ne s'agit donc pas de biens à double usage soumis aux contrôles internationaux à l’exportation», ajoute le Seco.

En revanche, ces composants sont considérés comme des «biens à haute priorité» et sont donc soumis aux sanctions suisses dans le cadre de la guerre en Ukraine. L'exportation – même indirecte – de ces biens vers la Russie est donc interdite.

De nombreux intermédiaires

Le SECO est en contact étroit avec l’Ukraine et avec les Etats partenaires afin d'empêcher l'acquisition et la réexportation de tels biens. Il demande en outre aux entreprises concernées d’assurer un contrôle renforcé de leurs chaînes d’approvisionnement et d'évaluer d'éventuelles contre-mesures afin de réduire le risque de détournement.

Malgré ces efforts, la difficulté principale réside dans le fait que la production de ces biens n'a pas lieu en Suisse. Par ailleurs, ces produits sont distribués dans le monde entier par de nombreux intermédiaires à un nombre encore plus important de destinataires, qui les intègrent ensuite dans des équipements avant qu'ils ne soient revendus aux utilisateurs finaux réels.

Le SECO est en contact étroit et direct avec l’Ukraine au sujet des composants liés à la Suisse qui ont été trouvés dans les débris de systèmes d'armes russes. Il informe régulièrement les autorités ukrainiennes des résultats de ses analyses.

Deux firmes suisses

La presse alémanique avait déjà relaté cette affaire la semaine dernière. Selon Blick, les composants proviennent des entreprises ST Microelectronics et U-Blox.

La première a indiqué au journal avoir pris des mesures en 2022 pour respecter les sanctions imposées à la Russie. La seconde a également cessé ses ventes à la Russie, la Biélorussie et les territoires ukrainiens occupés dès février 2022, date de l'invasion russe de l'Ukraine.

La Russie intensifie actuellement ses attaques aériennes nocturnes contre l'Ukraine, visant notamment son réseau électrique. Dans la nuit de samedi à dimanche, près de 500 drones et plus de 50 missiles ont frappé l'Ukraine.

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