Toujours plus de retards
Cette ligne suisse va perdre jusqu'à 90 km/h à cause des chemins de fer allemands

La liaison ferroviaire Zurich-Munich est confrontée à des retards chroniques. Et la situation risque encore de s'aggraver avec des réductions de vitesse prévues par la Deutsche Bahn, allongeant le trajet de 15 minutes.
Publié: 17:43 heures
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L'Eurocity entre Zurich et Munich est pratiquement toujours en retard.
Photo: IMAGO/Wolfgang Maria Weber
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Patrik Berger

La liaison ferroviaire entre Zurich et Munich est à la traîne: en effet, rares sont les lignes sur lesquelles les retards sont aussi constants. Tantôt l’Eurocity arrive de la métropole bavaroise avec 35 minutes de retard, tantôt il n’en accuse «que» 20. Les trains de la ligne ne sont presque jamais à l'heure. Trop souvent, les passagers entendent dans les haut-parleurs la même phrase: «La raison est un incident survenu en Allemagne.»

Et la situation risque encore de se détériorer. La ligne Zurich-Munich, pourtant modernisée en 2020 pour 440 millions d’euros, sera de nouveau ralentie dès l’an prochain, rapporte l’«Aargauer Zeitung». En cause: la Deutsche Bahn (DB) – connue depuis des années pour ses retards chroniques – doit réduire la vitesse sur plusieurs tronçons en raison de «carences dans le réseau».

Menace de «chaos ferroviaire»

Sur la portion entre Munich et Buchloe, en Allemagne, les trains ne pourront plus rouler qu’à 70 km/h au lieu de 160. Sur près de 25 kilomètres, ils devront circuler à vitesse réduite pour ne pas endommager l’infrastructure. Ce «passage en douceur» allongera le trajet d’environ 15 minutes. De plus, la ligne n’est encore praticable qu’à voie unique sur de nombreux segments, et les points de croisement manquent.

L’objectif initial de 3h30 de trajet entre Zurich et Munich paraît désormais irréaliste. Va-t-on donc réduire le nombre de trains sur cette ligne déjà problématique? Les CFF n’en savent encore rien. Une porte-parole de la compagnie a indiqué à l’«Aargauer Zeitung» que les CFF restaient «en contact étroit» avec la Deutsche Bahn.

De son côté, la DB se montre, elle aussi, relativement vague: elle affirme travailler «sous haute pression» à la réparation des infrastructures, sans avancer de date de fin. Selon l’«Aargauer Zeitung», les participants à une vidéoconférence interne de la DB ont été plus explicites: pour eux, les nouveaux ralentissements sont une «catastrophe pour les passagers». 

Le journal parle même d’une «menace de chaos ferroviaire». Une chose est déjà certaine: les compagnies de bus longue distance, comme Flixbus, devraient se frotter les mains. Jusqu’à 17 bus vert fluo circulent déjà chaque jour dans les deux sens entre Zurich et Munich.

Les tensions s’étendent à Schaffhouse et à Bâle

La Deutsche Bahn ne pose pas seulement problème sur la ligne vers Munich. A Schaffhouse aussi, la patience a ses limites. Le canton ne veut plus tolérer les retards et suppressions incessants de trains allemands. Dans une lettre ouverte adressée au directeur des CFF, Vincent Ducrot, le gouvernement cantonal réclame des «mesures immédiates».

Le canton de Schaffhouse demande que la liaison internationale Stuttgart-Zurich soit scindée en deux: une première ligne entre Stuttgart et Singen, et une seconde entre Singen et Zurich via Schaffhouse. L’objectif est clair: garantir aux habitants de Schaffhouse des trains ponctuels vers Zurich – sans dépendre de la DB.

Du côté de Bâle, les CFF ont déjà pris des mesures. Deux liaisons de la Deutsche Bahn vers la Suisse ont été supprimées. En raison des retards venant d’Allemagne, les trains en provenance de Hambourg et de Dortmund s’arrêtent désormais à Bâle depuis avril. Les CFF assurent ensuite la suite du trajet sur le territoire suisse – avec la ponctualité helvétique habituelle.

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