Huit ans pour redresser l'entreprise
La Confédération injecte des millions de francs dans CFF Cargo

La branche du transport de marchandises des CFF est fortement endettée. Les CFF recevront 260 millions de la Confédération pour les quatre prochaines années. Mais une question subsiste: est-ce que cela suffira pour sauver l'entreprise?
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Alexander Muhm, chef de CFF Cargo, veut transformer l'entreprise pour la relancer.
Photo: SBB
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Lucien Fluri

Hautement déficitaire, obsolète et tout simplement pas viable. Le récent diagnostic d'Alexander Muhm sur sa propre entreprise est peu flatteur. Le patron de CFF Cargo est formel: «Si nous n'agissons pas maintenant, nous devrons cesser nos activités. Cela signifierait plus d'un million de trajets de camions en plus sur les autoroutes déjà encombrées.»

En effet, les chiffres sont alarmants. La filiale de transport de marchandises des Chemins de fer fédéraux enregistre chaque année plus de 70 millions de francs de pertes. Au cours des dernières années, le volume d'activité a chuté de 30% et sa dette s'élève à 1,3 milliard de francs.

Le Conseil fédéral et le Parlement volent désormais au secours de l'entreprise. Elle bénéficiera dorénavant de subventions. Lundi après-midi, la Confédération et les CFF ont signé un mandat de prestations. L'entreprise recevra 260 millions de francs pour les années 2026 à 2029, comme l'a déjà décidé le Parlement au printemps. L'objectif est de renforcer l'approvisionnement en marchandises de la Suisse dans le respect du climat.

Les clients paient plus cher

Interrogé par Blick, Alexander Muhm qualifie l'accord de prestations de «jalon». Sans l'argent de la Confédération, la réorientation serait «impossible». Les fonds sont destinés au «trafic de marchandises par wagons complets isolés», lequel est actuellement très déficitaire. Ce service consiste à collecter des wagons de marchandises individuels auprès de différents clients – parmi lesquels Migros et Fenaco – et à les regrouper en trains de marchandises.

En 2024, les pertes s'élevaient à 81 millions de francs. A l'avenir, l'entreprise espère pouvoir couvrir ses frais. Pour y parvenir, les prix pour les clients augmentent également. Au cours des prochaines années, cette augmentation sera en moyenne de 20%. L'augmentation des prix sera amortie par les fonds fédéraux.

Suppression de postes en 2026

Grâce à l'injection de fonds de Berne, CFF Cargo compte bien devenir plus efficace. L'entreprise investit dans du matériel roulant moderne, comme les locomotives du constructeur suisse Stadler Rail.

L'automatisation et la numérisation doivent également permettre d'améliorer l'efficacité, ce qui devrait entraîner une réduction du personnel. Les CFF prévoient d'informer à ce sujet au printemps 2026.

Huit ans pour redresser la barre

Les subventions sont limitées à huit ans. Alexander Muhm se montre optimiste quant au fait que le montant de la deuxième période de subventions (2029 à 2033) pourrait être inférieur aux 260 millions de francs actuels.

Il pourrait même disparaître complètement en 2033. C'est en tout cas ce que prévoit le scénario commercial de CFF Cargo. Alexander Muhm estime que les objectifs sont «exigeants, mais tout à fait réalistes».

L'interdiction de circuler la nuit sur la route aide CFF Cargo

Alexander Muhm souligne que les subventions n'ont pas donné lieu à de grands débats ou conflits avec les entreprises de transport sur la route. Il y a 30 millions de trajets en camion, le transport par wagon isolé remplace 1 million de trajets. «Ce n'est jamais une grande concurrence.»

De plus, les offres se complètent. Sur le rail, il est possible de circuler la nuit, alors que sur la route, l'interdiction de circuler la nuit s'applique aux transports de marchandises.

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