Ce couple a tout perdu dans les intempéries de Brienz (BE)
«Sans l’aide du pasteur, nous serions devenus sans-abri»

En août 2024, une tempête s'est abattue sur Brienz (BE), changeant radicalement la vie de Rhea Brand et Cyril Kammer. Le couple a perdu sa maison et se bat depuis contre des difficultés financières et de nombreux obstacles bureaucratiques. Témoignage.
Publié: 11:12 heures
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Cyril Kammer, 30 ans, et Rhea Brand, 26 ans, ont tout perdu lors des intempéries de l'été dernier à Brienz (BE).
Photo: Helena Graf
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Helena Graf

La catastrophe qui a frappé Brienz (BE) l’été dernier a bouleversé la vie de Rhea Brand et de Cyril Kammer. Il y avait un «avant», lorsqu’ils partageaient un petit appartement dans la maison d’enfance de Cyril. Puis, il y a eu un «après», quand ils n'ont plus pu compter que sur l’hospitalité du pasteur du village pour se réfugier.

Le 12 août 2024, Cyril et Rhea se trouvent chez eux lorsque la tempête éclate. La mère de Cyril, installée à l’étage inférieur, est elle aussi présente. Des torrents de pierres et de boue commencent à dévaler la pente. Rapidement, ils atteignent le village. «Ça grondait partout et on se demandait si les blocs n'allaient pas bientôt pulvériser les murs», racontent-ils.

On les conduit vers un hébergement d’urgence. «Nous avions peur que d’autres coulées de roche s’abattent sur nous», raconte Cyril. L'accès à leur maison leur reste interdit. Hans Tontsch, le pasteur de Brienz, leur ouvre alors ses portes et leur prête même des habits. «Nous n’avions absolument rien», se souvient le jeune Suisse aujourd'hui âgé de 30 ans.

Une précarité extrême

Pour ne rien arranger, la mère de Cyril est atteinte de démence. Une tutrice de l’Autorité de protection de l’enfant et de l’adulte (Apea) gère ses finances ainsi que les questions liées à la maison. Cyril se tourne vers elle pour obtenir de l’aide. Mais la réponse de la curatrice est claire: seule la mère et son mobilier sont assurés.

Autrement dit, Cyril ne peut pas prétendre à une indemnisation. «Nous n’avions presque plus de quoi acheter à manger», confie Rhea. Coiffeuse, elle était en arrêt maladie à ce moment-là. «Je ne percevais plus que 80 % de mon salaire.»

Le 27 septembre 2024, le couple n’a toujours pas pu regagner son logement et doit vivre provisoirement dans la résidence secondaire d’une connaissance. C’est alors que Cyril Kammer apprend par l'Apea que la maison de sa mère doit être évacuée: «On nous a dit que nos affaires seraient jetées si nous ne venions pas les récupérer.»

A ce moment, Cyril souffre d'une blessure au pied et il a du mal à se déplacer. Il demande alors un délai. «La maison n’était même pas encore déclarée accessible, et aucun voisin n’avait commencé à vider la sienne», explique-t-il. Mais la mise en demeure est tout de même exécutée. Sans Cyril Kammer ni Rhea. «Nous avons contacté les services sociaux et l'Apea, en vain», déplore-t-il. La majeure partie de leurs biens disparaît. Selon leurs propres calculs, les pertes s’élèvent à environ 15'000 francs.

Reconstruire à zéro

Le 1er décembre 2024, le bail temporaire de l’appartement secondaire arrive à échéance. La mère de Cyril emménage alors chez son ex-mari. «Il n’y avait pas assez de place pour nous. Sans l’aide du pasteur, nous serions devenus sans-abri», raconte-t-il.

Début 2025, le couple finit par trouver un nouveau logement dans une autre commune. Mais les moyens manquent et leurs biens ont disparu: «Chaque franc investi pour meubler le nouvel appartement nous manquait ensuite pour vivre au quotidien.»

Cyril se plonge alors dans le contrat d’assurance de sa mère. Blick a pu consulter la police de Zurich Insurance. Selon celle-ci, en plus de la mère de Cyril, deux autres personnes sont assurées au sein du ménage. «Nous ne comprenons pas pourquoi cette aide nous a été refusée», soupire-t-il.

Une demande qui traîne

Le 12 mars 2025, le couple dépose une demande auprès de l’assurance. Le gestionnaire de dossier leur répond qu’il ne dispose pas des mêmes informations qu'eux concernant les personnes coassurées, mais qu’il examinera néanmoins leur requête.

Six mois plus tard, le couple attend toujours une réponse. «Nous n’avons pas revu le moindre centime», déplorent-ils. Un an s'est écoulé depuis la catastrophe. 

Dans leur nouveau logement, ils tentent de reprendre une vie normale. Mais le clapotis du ruisseau derrière la maison les met parfois mal à l’aise. «Quand il pleut fort, l’angoisse remonte», confie Rhea. «On a peur que le cours d’eau déborde, comme à Brienz, et nous arrache tout à nouveau.»

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