Les embouteillages n'agacent pas seulement les automobilistes; ils sont aussi pénibles pour les motocyclistes. Lorsqu'il y a des bouchons, ils sont censés conserver leur place dans la file. Mais au quotidien, la loi est souvent contournée, rappelle le conseiller national UDC David Zuberbühler. Le Conseil fédéral est lui aussi conscient «qu'il est désagréable pour les cyclomotoristes d'être bloqués dans un embouteillage en raison de leur équipement de protection». Mais il ne veut pas leur faire de concessions.
David Zuberbühler estime qu'il existe aujourd'hui un écart manifeste entre le droit en vigueur et la pratique. Et il veut que cela change. Dans les embouteillages, les motocyclistes passent en effet souvent entre les colonnes à l'arrêt, ce qui est même parfois toléré par la police. L'Appenzellois et ses collègues UDC au Parlement demandent donc que la loi soit adaptée pour être plus en adéquation avec la réalité.
Trop dangereux pour le Conseil fédéral
En combinaison de cuir et sous le casque, le risque d'accident augmente avec des températures élevées en raison de l'accumulation de chaleur ou de la fatigue, argumente David Zuberbühler, qui conduit lui-même une grosse cylindrée. Dans ce cas, rouler de manière ordonnée pourrait même être plus sûr – et contribuer en même temps à désengorger le trafic. De plus, une adaptation légale créerait une sécurité juridique.
Le Conseil fédéral, emmené par le ministre des Transports UDC Albert Rösti, peut comprendre ces arguments. Mais il souhaite néanmoins maintenir l'interdiction de dépassement en vigueur pour les motocyclistes. Il estime qu'elle est appropriée du point de vue de la sécurité routière et de la prévention des accidents.
La règle actuelle est la suivante: lorsque le trafic est bloqué ou à l'arrêt, il est obligatoire de former une voie de secours. «Dans ce cas, les distances entre les véhicules sont plus étroites, ce qui rend le passage en force particulièrement risqué», souligne le Conseil fédéral.
La voie de secours doit rester libre
Les motocyclistes qui quittent leur place dans le cortège ne pourraient pas être sûrs de pouvoir s'y insérer à nouveau conformément à la réglementation. «Il y a aussi le risque qu'en cas d'urgence, les couloirs nécessaires aux véhicules de secours soient bloqués».
S'ils dépassent une colonne à l'arrêt, les motocyclistes risquent une amende de 60 francs. Mais dans la pratique, cela n'arrive pas souvent, comme l'a montré une enquête de Blick menée l'été dernier: la police cantonale bernoise fait état de 46 cas en 2024, tandis qu'à Saint-Gall, on évoque «une poignée de cas» – «les cas impliquant des voitures étant beaucoup plus fréquents». De son côté, le Valais signale douze cas.
Le Conseil fédéral laisse toutefois la porte entrouverte. En Europe, le lane filtering (se faufiler/traverser) des motos dans les colonnes à l'arrêt ou roulant lentement est réglementé différemment. En France ou en Belgique, par exemple, cette pratique est autorisée sous certaines conditions. Le Conseil fédéral suit la situation et observe les répercussions sur la sécurité routière, indique-t-il. Tout en se réservant le droit d'adapter la législation, le cas échéant.