Qu'il s'agisse d'alpinisme, de parapente ou de randonnée, la Suisse est l'un des pays les plus appréciés des sportifs pour leurs aventures alpines. Mais ce n'est pas sans danger, en témoignent la multiplication des accidents de sports de montagne.
Rien qu'entre le 6 et le 11 août, pas moins de dix personnes ont perdu la vie pendant leurs loisirs dans les montagnes suisses. La météo était pourtant radieuse et la sensibilisation aux dangers semble évoluer dans le bon sens. Mais alors, que s'est-il passé?
Plus d'accidents en été qu'en hiver
Cette accumulation d'accidents est alarmante. Coup d'œil sur les statistiques: contrairement à ce que l'on pourrait supposer, ce ne sont pas les mois d'hiver qui constituent la haute saison des accidents et des décès en montagne. Mais précisément les mois de juillet et d'août – et avec une nette avance!
En été, le soleil et les vacances scolaires attirent tout un tas de monde en altitude, à la recherche de nature, de détente ou de sensations fortes. Les parapentistes peuplent les airs, les grimpeurs les pentes et les randonneurs les itinéraires menant aux plus beaux sommets des Alpes. Mais cette affluence estivale est à double tranchant.
Selon les statistiques du Club alpin suisse (CAS), de novembre 2023 à février 2024, 709 cas d'urgence en montagne ont entraîné 17 décès au cours des quatre mois de sports d'hiver. A titre de comparaison, rien qu'en août 2024, il y a eu 20 décès pour 732 cas d'urgence.
Ruée vers les sommets
La raison principale derrière ce phénomène est vite identifiée. Christian Andermatt, formateur au CAS, le résume ainsi: «Le beau temps et les bonnes conditions attirent de nombreux alpinistes en montagne. Il y a donc automatiquement plus d'accidents.»
Christoph Leibundgut, du Bureau suisse de prévention des accidents (BPA) à Berne, ajoute de son côté que «la météo a une influence sur les accidents». Et ça vaut selon lui pour les sports de montagne comme pour d'autres sports de plein air. «Après de longues périodes de mauvais temps, comme ce mois de juillet, les gens sortent en masse dès que le beau revient. Et en conséquence, le risque d'accident augmente.»
Le boss des secours de Zermatt, Anjan Truffer, met la chaleur en cause: «Quand il ne gèle plus, même en haute altitude, cela augmente le risque de chutes de pierres ou de tomber dans une crevasse.» Pour le secouriste, beaucoup sont ceux qui sous-estiment ce que demande le sport qu'ils pratiquent: «Nous voyons de plus en plus de gens faire des randonnées en haute montagne sans corde ni crampons. Ils ne s'informent pas sur l'itinéraire et se retrouvent fatalement en difficulté.»
Savoir renoncer à ses ambitions
Sur ce point, les experts sont unanimes. «Il faut s'évaluer honnêtement, faire demi-tour à temps et ne pas se montrer trop ambitieux», explique le porte-parole du BPA. «Pour les férus de sport, cela signifie avoir le courage de renoncer au sommet si les conditions ou ses propres sensations ne conviennent pas.»
Se surestimer est apparemment très répandu. Mais d'où cela vient-il? Les réseaux sociaux pourraient jouer leur rôle. Depuis la pandémie de Covid-19, la randonnée a connu un net regain de popularité. Les influenceurs rando pullulent et multiplient les photos et vidéos de leurs exploits.
Un phénomène responsable de la ruée vers les montagnes suisses, et donc du nombre élevé d'accidents mortels? «Des recherches sont actuellement menées sur ce sujet», explique Christian Andermatt, du Club alpin suisse. Ces nombreuses photos ont certainement une influence d'une manière ou d'une autre.»
Difficile d'identifier précisément ce qui cloche. Anjan Truffer, le chef des secours de Zermatt cite l'exemple du Lagginhorn, où l'on déplore plusieurs accidents mortels cette année. Cinq d'entre eux depuis fin juillet seulement. Pendant les mois d'été, la randonnée jusqu'au sommet du Lagginhorn est généralement considérée de difficulté moyenne, car ce 4000 mètres peut aujourd'hui être escaladé sans passer par le glacier.