L'accord conclu mercredi entre la Suisse et le Mercosur n'est pas parfait. Les résultats sont moins bons qu'espérés sur les produits pharmaceutiques, a déclaré le ministre de l'économie Guy Parmelin vendredi. Il se dit toutefois très satisfait de l'accord dans son ensemble.
Les négociations ont été difficiles jusqu'à la fin sur la propriété intellectuelle des produits pharmaceutiques notamment, a déclaré le ministre depuis l'aéroport de Zurich. Il rentrait d'une visite effectuée au Brésil et en Argentine lors de laquelle l'accord de libre-échange entre l'AELE, qui comprend la Suisse, la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein, et le Mercosur a été conclu.
Le Brésil a bloqué sur ce point en refusant de traiter les produits suisses de la même manière que ceux nationaux, a expliqué le Vaudois. Des négociations sont toutefois encore possibles, a-t-il précisé.
«L'essentiel a pu être sauvé», a déclaré Christoph Mäder, chef de la faîtière economiesuisse. Une interdiction de discrimination entre les produits nationaux et importés ainsi qu'une procédure en cas de litige ont pu être fixées, a-t-il indiqué.
Calendrier flou
De manière générale, M. Parmelin estime que la Suisse a «obtenu un très bon résultat», en accédant au marché du bloc composé de l'Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay. Il a rappelé l'économie d'au moins 180 millions par année que doit permettre la levée des droits de douane sur la quasi-totalité des exportations suisses.
Le moment à partir duquel ces économies seront visibles n'est toutefois pas clair, un délai de plusieurs années, parfois de 15 ans, ayant été fixé sur certaines catégories de produits. Près de la moitié des produits exportés vers le Mercosur seront exemptés de taxes dès l'entrée en vigueur de l'accord, selon le délégué du Conseil fédéral aux accords commerciaux Roger Gschwend.
«Plus en avant» sur l'environnement
M. Parmelin a aussi souligné les avancées obtenues par rapport à 2019, lorsque les négociations étaient à bout touchant, mais ont été interrompues par la crise du Covid. Plusieurs points «vont beaucoup plus en avant» sur l'environnement par exemple, a-t-il dit, citant la lutte contre la déforestation et la reconnaissance des peuples autochtones comme des conditions de l'accord.
Le ministre contrait ainsi la critique d'opposants à l'accord, parmi lesquels les Vert-e-s, qui ont dénoncé un grand risque de voir les forêts d'Amazonie être encore davantage exploitées. Le parti a déjà annoncé être «prêt» pour un référendum.
Vins argentins «meilleur marché»
Autre point sensible: le secteur agricole. Des contingents bilatéraux favorisant l'importation de certains produits sud-américains ont été décidés en contrepartie de la levée des droits de douane appliqués sur les produits suisses.
Le monde agricole craint de voir ses produits eclipsés par ceux latino-américains, potentiellement moins chers. Les viticulteurs, déjà en difficulté face aux produits européens, ont tiré la sonnette d'alarme cette semaine.
«Les vins argentins pourraient être en partie meilleur marché», a concédé M. Parmelin. Mais «il ne faut pas s'attendre à une augmentation conséquente des importations».
Steaks aux hormones possibles
Davantage de viande aux hormones risque par contre de se trouver dans les étals suisses. Des contingents de 3000 tonnes de boeuf notamment ont été convenus.
L'importation de produits à base d'hormones de croissance est autorisée dans certains cas, bien qu'ils soient interdits de les produire en Suisse. Mais la présence d'hormones doit être «clairement indiquée», a précisé le conseiller fédéral.
Une signature de l'accord est encore nécessaire. Le Vaudois espère que ce sera chose faite d'ici fin août. Le traité devra ensuite passer par le Parlement et un éventuel vote populaire en cas de référendum. Les débats s'annoncent tendus.
L'Union européenne, qui a conclu fin 2024 un accord similaire avec la zone de libre-échange, fait face à l'opposition de plusieurs pays. Le monde agricole ne voulant pas d'un tel partenariat.