Le Montreux Nestlé Open, affilié au calendrier WTA 125 depuis l’année dernière, est né en 2016 à Sion. Derrière ce projet: deux anciens joueurs, Yannick Fattebert et Benjamin Dracos. Tous deux ont grandi raquette à la main et ont vécu diverses expériences plus ou moins heureuses dans leur carrière. Si aucun d'entre eux n'a atteint les sommets du jeu, leur passion pour le tennis est restée bien intacte et se matérialise aujourd'hui sous une autre forme.
Benjamin Dracos est d’origine française, et sa passion pour le tennis est venue de son père qui en pratiquait lorsqu’il était enfant. «Mon papa était un très bon judoka, champion de France et d’Europe, mais il allait jouer au tennis avec ses amis et j’allais jouer avec eux», éclaire-t-il. Même son de cloche pour Yannick Fattebert. «Je jouais avec mon papa dans le jardin avec des petites raquettes en bois», raconte le Valaisan. «Il m’a conseillé de m’inscrire au tennis par la suite.»
Trois victoires en Grand Chelem, quand même
Au sortir de leur carrière professionnelle, les deux compères troquent la compétition pour l’enseignement, tant chez les jeunes que chez les adultes. «Pour beaucoup de joueurs, dont moi, c’est dur de s’imaginer faire autre chose que du tennis après une carrière de joueur», témoigne le Français. «Je suis devenu entraîneur par défaut, mais j’aimais ça!». Durant cette période Yannick Fattebert entraîne par ailleurs Stanislas Wawrinka durant huit années, contribuant aux trois victoires de la star suisse en Grand Chelem.
Ensemble, ils créent par la suite «Sport Spirit», une structure d’organisation d’événements liés au tennis, organisant des camps d’entraînements à l’étranger pour les adultes. «On aimait beaucoup l’enseignement, mais on sentait qu’on avait besoin de créer des choses», explique le Valaisan. «On a tout de suite aimé l’organisation, avoir des responsabilités. Le fait de créer un produit, de satisfaire les gens, ça nous a vraiment plu.»
Des expériences compliquées dans les coulisses
Pour Benjamin Dracos, l’objectif de se reconvertir dans le management est aussi une manière de pouvoir proposer des évènements d’une qualité dont il n’a pas pu profiter en tant que joueur. Sans complexe, le Français raconte certaines expériences pour le moins loufoques. «J’étais un joueur professionnel, mais un mauvais professionnel. Je perdais de l’argent à chaque fois que je tapais la balle!», plaisante-t-il.
Son meilleur classement ATP s’élève à une 560e place mondiale, ne permettant pas de participer aux tournois les plus prestigieux du circuit. «J’ai vécu des trucs inimaginables, j’ai déjà dormi dans un box pour chevaux!», rigole-t-il. «Un jour avec mes potes, il n’y avait pas assez de place dans la chambre. On a décidé que celui qui perdait un match devait passer la nuit… dans l’armoire!»
D'où le souhait profondément ancré de pouvoir proposer mieux aux joueuses à Montreux…
Un tournoi en constante progression
Le premier tournoi organisé par Yannick et Benjamin se déroule à Sion, en 2016. Petit à petit, avec l’arrivée de nouveaux sponsors, le tournoi se développe et s’installe finalement au club de tennis de Montreux. En 2024, il est promu au rang de WTA125, la plus petite catégorie de tournois gérés par la WTA (Women Tennis Association).
«On n’a jamais eu de vision et d’objectifs à long terme, mais on a toujours l’envie de faire mieux. On veut apporter notre valeur au tournoi, avec la qualité des infrastructures, avec le décor de Montreux», affirme Yannick Fattebert.
«Personnellement, j’ai besoin de rêver», ajoute son acolyte. «Je pense qu’on sera vite titillé par le fait de passer en WTA 250, mais on serait vite rattrapés par la réalité, notamment du calendrier. On ne pourrait pas démarrer le tournoi en même temps que la deuxième semaine de l’US Open. Il faudrait donc trouver de nouvelles dates.»
Progresser pas à pas semble donc être la devise des deux amis, qui ne manquent pas d’ambition. Si Yannick Fattebert et Benjamin Dracos n’ont pas écrit l’histoire du tennis en tant que joueurs, peut être le feront-ils autrement.