Le bruit est assourdissant au moment où Audrey Werro et les autres athlètes du 800 m s'engagent dans la dernière ligne droite. Pas uniquement dans le Stade National de Tokyo, mais également à près de 10'000 km de là, dans la salle communale de Belfaux. À l'ouest de Fribourg, près de 200 personnes se sont réunies pour vivre en direct la finale de l'athlète pensionnaire du club athlétique du village.
Avant 12h35, heure du départ, le stress commençait à monter parmi le public. «Je n'ai pas très bien dormi la nuit dernière», avoue Julien Nuoffer, le manager de la Fribourgeoise. Du côté du papa d'Audrey Werro, Claude – qui a préféré ne pas se rendre à Tokyo pour éviter les 13 heures de vol – le sommeil n'a pas été un problème: «Par contre, je suis clairement stressé et les pulsations commencent à monter. Je lui ai encore envoyé un message ce matin pour lui dire que le gâteau était déjà beau, et qu'une médaille serait la cerise en son centre.»
Le groupe d'entraînement du CA Belfaux est également présent et reconnaissable grâce aux pagnes à l'effigie de leur camarade, que la maman d'Audrey Werro a fait venir tout droit de Côte d'Ivoire il y a deux ans. «Je suis super confiant, lâchait Valentin juste avant la course. J'ai vu dans son regard en demi-finales qu'elle avait ce stimulus. Elle a le même aux entraînements.»
De la déception à Tokyo, pas à Belfaux
La première fois que la Fribourgeoise apparaît sur l'écran du beamer, dans la chambre d'appel, le public à Belfaux applaudit. Tout le monde est prêt à vivre l'exploit. Bien engagée, Audrey Werro est restée en embuscade durant une grande partie de la course. Au moment du dernier virage, toute la salle a tenté de pousser sa protégée vers le podium, en vain. Au final, la spécialiste du 800 m termine à la sixième place, malgré son deuxième meilleur temps en carrière (1'56"17). Pour monter sur la boîte, elle aurait dû exploser son record de Suisse de plus d'une seconde. Au micro de la SRF, la Courtepinoise se montrait déçue.
Un sentiment que ne voulaient surtout pas partager ses proches réunis à Belfaux. À l'écran, on pouvait voir Philomène, la maman d'Audrey, être frustrée dans les gradins de Tokyo. Directement après la course, elle a retrouvé son mari au téléphone. «Je lui ai dit qu'il ne fallait pas être déçu et qu'elle venait de réaliser quelque chose d'énorme. Si j'ai un seul message à faire passer à ma fille maintenant, c'est: 'Bravo Audrey, on est fiers de toi.'»
À coup sûr sur le podium… sauf en 1987 et en 2025
Une fierté que Julien Nuoffer ressent également. «Finir 6e mondiale, c'est une belle réussite, souffle le manager. Le niveau était si élevé.» Ce chrono aurait valu à Audrey Werro une médaille mondiale lors de n'importe quelle édition. Les seules exceptions se nomment 1987 et désormais 2025. «C'était une performance incroyable», résume Valentin, son ami d'entraînement
Bien sûr, pour Julien Nuoffer, la saison de la Fribourgeoise ne se résume pas à cette course. «Elle a battu une fois le record de Suisse en salle et trois fois en extérieur, rappelle-t-il. Elle a clairement franchi un cap cette saison.» À 21 ans, Audrey Werro a surtout un bel avenir devant elle. Et surtout, des proches qui sauront l'accompagner pour la suite de son aventure parmi l'élite du 800 m.