Juste après les championnats suisses, qui ont assuré un ticket pour les Mondiaux à Veronica Vancardo, le quotidien fribourgeois «La Liberté» publiait un article comparant la spécialiste du 800 m à Stan Wawrinka. Malgré des excellentes performances, la Fribourgeoise restait dans l'ombre d'Audrey Werro, stratosphérique à l'image de Roger Federer. «Franchement, ça me va très bien d'être comparée à Wawrinka, qui est un athlète incroyable, sourit Veronica Vancardo. C'était un très bel article et mon voisin me l'a même glissé dans ma boîte aux lettres.»
Comparaison n'est pas raison et, rapidement dans notre interview, il faut mentionner Audrey Werro avant de se concentrer sur Veronica Vancardo. «C'est incroyable qu'il y ait une athlète comme cela en Suisse, souffle-t-elle à propos de sa compatriote. C'est une personne hyper simple et elle me motive chaque jour. Si elle peut le faire, pourquoi pas moi?» Aux derniers championnats suisses, elle a d'ailleurs opté pour une stratégie simple: «Poser le cerveau et coller Audrey le plus longtemps possible.» Résultat: un record personnel en 1'59"10, médaille de bronze et qualifications pour les Mondiaux. Tout ça alors qu'elle était malade toute la semaine.
«Mon coach m'a ramassée à la petite cuillère»
Il est loin, le temps où l'ancienne spécialiste du 400 m broyait du noir. Cela semble presque impossible à croire, tant son sourire à travers l'écran de cette visioconférence est communicatif. Mais en 2021, Veronica Vancardo en a simplement marre et décide de quitter son Fribourg natal, direction Lyon. «Il y a eu un ras-le-bol de ma discipline, de mon environnement et de mon entourage en termes de coaching, se souvient-elle. En arrivant en France, je pensais que tout allait être plus facile.»
Sauf que ça n'a pas été le cas, Veronica Vancardo enchaîne les pépins de santé et se retrouve même en anémie, avec un taux de fer de 4 (contre 50 préconisé pour une femme). Au début de l'année 2024, après plus de deux ans dans la Cité des Gones, elle prend une décision radicale: «Je ne voyais pas le bout du tunnel et je me suis dit que c'était ma dernière saison. Je n'en pouvais plus de souffrir pour, au final, ne pas récolter les fruits de mon travail.»
Au même moment, elle change de coach et devient la protégée de Grégory Duval. «Il m'a ramassée à la petite cuillère, explique la Fribourgeoise. J'étais détruite, mentalement et physiquement.» Avec son aide, elle remonte la pente, se remet d'une fracture de fatigue et commence à enchaîner les bons chronos. «Ça a ravivé l'étincelle et j'ai battu mon record personnel, ce qui était une délivrance pour moi.»
Un lien doux-amer avec le Japon
Au-delà des résultats sur la piste, c'est autre chose que Veronica Vancardo retrouve: «Le déclic mental s'est surtout fait par le plaisir. Je me suis toujours dit: 'Amuse-toi'.» Elle choisit de reporter sa retraite et, pour la première fois de sa carrière, elle passe sous les 2 minutes, une marque symbolique sur 800 m. Elle enchaîne ce genre de performances jusqu'à ce dimanche ensoleillé à Frauenfeld, fin août, où elle décroche son billet pour les Mondiaux.
«C'est tellement dingue de me dire que je vais y prendre part», nous confiait la Fribourgeoise quelques jours avant de s'envoler pour le Japon. Un pays avec lequel elle a une relation spéciale. En 2019, elle a participé aux World Relays à Yokohama, qualificatif pour les Jeux olympiques de l'année suivante. «C'était ma plus belle expérience», se souvient-elle. Covid oblige, les JO avaient été repoussés et, en 2021, elle n'était plus assez compétitive pour faire partie de la sélection helvétique. «Ça m'avait brisé le cœur de ne pas pouvoir y participer.» Dès ce jeudi, jour des séries pour le 800 m, elle aura l'occasion de prendre une belle revanche. Et d'enfin participer à ce grand événement après des années de galères.