Tirage du Mondial à Washington
Les 5 fautes de la FIFA et d'Infantino face à Trump

Jour J pour le tirage du Mondial de foot 2026. Il aura lieu à Washington à partir de 18 heures, en présence de Donald Trump. Un président des Etats-Unis que le patron de la FIFA, Gianni Infantino, flatte de manière éhontée.
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Donald Trump et Gianni Infantino sont bien plus que des partenaires pour le sport. Le patron de la FIFA encense le président des Etats-Unis.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Gianni Infantino a tranché: le Mondial de foot 2026 sera d’abord celui des Etats-Unis. Pas question, pour le président de la FIFA (depuis 2016), de déplaire à Donald Trump, avec lequel il s’esclaffe dès qu’il le peut dans son Bureau ovale. L’important, pour le patron du foot mondial, est que le président des Etats-Unis soit satisfait. Une stratégie de la flatterie qui se concrétisera à coup sûr ce vendredi 5 décembre lors du tirage au sort du Mondial à Washington, à partir de 18 heures.

Le problème est que la compétition reine du sport mondial, avec les Jeux olympiques qui auront lieu aussi aux Etats-Unis en 2028, ne se déroule pas seulement chez Trump. Les matches auront lieu aussi au Mexique et au Canada. Flatter Trump est donc à double tranchant. Au moins pour ces cinq raisons.

Faute n° 1: Adieu la neutralité sportive

Gianni Infantino n’a sans doute que faire de ce reproche. Le Suisso-Italo-Libanais (le Liban vient de lui accorder la nationalité) se moque de sa réputation d’affairiste sans guère de scrupules. Il répète que la Fédération internationale de football est d’abord au service du sport et du ballon rond, et que l’argent récolté est redistribué. Sauf qu’avec Donald Trump, un minimum de neutralité est impossible. Le président des Etats-Unis est en bataille diplomatique et économique ouverte avec le Mexique et le Canada, alors que leur candidature commune avait été en juin 2018 baptisée «United 2026». Pour Infantino, seule compte la puissance. Or, elle est du côté de Trump, lequel s’exprimera bien sûr ce soir lors du tirage au sort, devant les caméras du monde entier.

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Faute n° 2: L’argent, toujours l’argent

Donald Trump aime les «deals» qui rapportent aux Etats-Unis, et accessoirement à sa famille ou à son clan politique. Ce n’est pas une accusation mensongère que d’écrire cela, puisque le président des Etats-Unis l’affirme lui-même. Or, la FIFA est régulièrement accusée d’être une puissance financière bien trop opaque. Ne serait-il pas, dans ce cas, plus approprié de se tenir à distance respectueuse de Trump, qui promeut par exemple ouvertement des «bitcoins» lancés par ses proches?

La première rumeur concerne la tenue du tirage au sort du Mondial ce vendredi à Washington, au John F. Kennedy Center: la FIFA aurait bénéficié d’un loyer de zéro dollar pour son utilisation, en échange d’un don de 2,4 millions de dollars et «d’opportunités de parrainage» d’une valeur de 5 millions de dollars, selon la presse américaine. Normal?

Faute n° 3: Mexique et Canada, l’humiliation

La présidente mexicaine et le Premier ministre canadien ont toutes les raisons de sourire jaune lorsqu’ils voient Gianni Infantino parader et s’esclaffer avec Trump dans le Bureau ovale. Le président des Etats-Unis menace régulièrement leurs pays. Claudia Sheinbaum et Mark Carney sont, de facto, dans une forme de guerre froide avec leur grand voisin.

«Comment l’amitié improbable entre Infantino et Trump amène le football dans le monde MAGA», titrait ces jours-ci le quotidien hispanophone El País, très lu en Amérique du Sud. Le jour de l’investiture présidentielle de Trump, le 20 janvier 2025, Gianni Infantino faisait partie des invités d’honneur. Il a souri lorsque le nouveau président a annoncé le changement de nom du Golfe du Mexique en «Golfe d’Amérique». Comment va-t-il procéder pour éviter d’humilier ces coorganisateurs?

Faute n° 4: Migrants et football, le non-dit

Qui peut nier l’apport des migrations au football mondial? Personne. Il suffit de regarder évoluer les joueurs dans (presque) n’importe quel stade pour constater que le ballon rond demeure un ascenseur social pour beaucoup de jeunes migrants, en quête d’intégration par le sport. Or, Donald Trump mène, aux Etats-Unis, la chasse aux migrants la plus dure et la plus violente jamais enregistrée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Attention: Infantino n’a pas à s’immiscer dans la politique intérieure américaine. Mais est-il normal de l’entendre dire: «Trump fait ce que beaucoup pensent, mais, plus important encore, il fait ce qu’il dit. Cela transforme le rêve américain en réalité», comme il l’avait fait à Davos en janvier 2020? «Le rêve américain n’est pas seulement quelque chose dont les Américains ont besoin. Le rêve américain est quelque chose dont nous avons tous besoin.» De quel rêve parlait-il?

Faute n° 5: Le risque géopolitique

La FIFA va décerner, ce vendredi soir lors du tirage du Mondial, un «Prix de la paix». Que se passera-t-il si l’organisation reine du sport mondial l’octroie à Donald Trump, arguant par exemple de la signature, la veille, d’un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda? Crédible?

«Il est vrai que ce n’est pas une relation qui plaît à l’establishment, mais Gianni est un homme pragmatique», justifiait récemment auprès de El País un cadre de la FIFA, à Zurich. En ajoutant: «Il y a une Coupe du monde avec 48 équipes pour la première fois de l’histoire. Les stades doivent être remplis de huit millions de personnes. Il faut que ça fonctionne.»

Infantino, il est vrai, n’en est pas à une relation problématique près. Il avait déjà été critiqué lors de la Coupe du monde 2018 en Russie pour sa relation avec Vladimir Poutine, et en 2022 pour le Qatar. «Ce sera la même chose en 2030 lorsqu’elle se tiendra en Espagne et au Maroc», poursuit El País. Le football, une planète à part?

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